La réglementation acoustique en vigueur depuis le 1er janvier 1996 a durablement banalisé la notion de « confort acoustique » dans les logements neufs, mais aussi en rénovation. Si, dans ce dernier cas, les solutions techniques disponibles ne manquent pas, encore convient-il de les mettre en œuvre correctement, dans le cadre d’une action d’ensemble précédée d’un diagnostic fiable. Et même si les préoccupations premières des gestionnaires d’immeubles ne recouvrent pas exactement celles de leurs habitants, une rénovation intelligemment conduite permet de résoudre nombre de problèmes acoustiques. D’autant que, comme prévient Bernard Delage, architecte et acousticien, « les problèmes de bruit dans les logements cristallisent une telle souffrance qu’il ne faut pas décevoir ». Dans ce domaine, les principaux motifs d’insatisfaction concernent les bruits de voisinage (en particulier les bruits d’impacts), les bruits de conversation (bruits aériens) et les bruits des équipements (vide-ordures, ascenseur, VMC), qui viennent souligner l’absence d’intimité d’un appartement à l’autre. Quoi qu’il en soit, et d’entrée de jeu, le contexte de la rénovation entreprise (logements occupés ou non) inclinera vers tel ou tel type d’intervention.
Une intervention homogènepar principe. En site occupé, les travaux doivent durer le moins longtemps possible, être peu bruyants et dégager un minimum de poussière. Ce qui limite singulièrement les possibilités d’intervention… Aucune destruction massive ne pourra être entreprise, pas plus qu’un éventuel sciage en tête des cloisons en carreaux de plâtre « rayonnantes » (à la manière d’une peau de tambour), un procédé pourtant efficace pour lutter contre la transmission des bruits d’impact. Si les logements sont vides, le champ des possibilités est plus vaste : traitement des transmissions parasites par un doublage des gaines, suppression des conduits de vide-ordures, réfection des réseaux de ventilation mécanique (VMC) dont les conduits font parfois littéralement « interphone » entre logements, etc.
Dans tous les cas, l’amélioration acoustique doit être homogène : inutile de doubler une façade si l’on ne change pas les fenêtres, inutile de songer à changer les fenêtres si l’on ne remplace pas les bouches d’entrée d’air, etc. Occasion de rappeler que toute amélioration de l’isolement de façade entraîne l’émergence, à l’intérieur des logements, de sons masqués jusque-là par le bruit ambiant. D’où la nécessité d’une démarche acoustique globalement cohérente, précédée d’un diagnostic d’ensemble de la situation. « On ne peut pas se fier ici à des idées préconçues. Seule une évaluation acoustique et architecturale détaillée permet de détecter les points critiques afin de hiérarchiser et d’optimiser les solutions préconisées à la configuration des locaux, aux aspirations des habitants et au budget alloué ! », souligne Bernard Delage. Une bonne connaissance des pratiques constructives est également un précieux atout. Ainsi, contrairement aux édifices plus anciens parfois construits « de bric et de broc », les immeubles des années 1950 à 1970 sont globalement homogènes : constructions lourdes avec dalles pleines en béton ; voiles en béton, parpaings ou briques ; cloisons en briques plâtrières ou en carreaux de plâtre. Dans ce type de constructions, les parois sont liées de manière rigide les unes aux autres, ce qui favorise la propagation de l’énergie acoustique en tous les points de la structure. Une homogénéité structurelle qui autorise, en contrepartie, de bonnes estimations prévisionnelles en matière de performance.
Identifier le cheminement des transmissions. Le traitement des bruits aériens extérieurs fait appel à des interventions désormais « classiques » : remplacement des vitrages simples par des doubles vitrages, pose de fenêtres PVC (Tecnocor 2 de chez Deceuninck, Innonova de chez Trocal et produits de chez K-Line, Veka, Tryba, etc.), remplacement des bouches d’entrée d’air (Aldès, Nicoll, France Air…), doublage des murs de façade par un complexe thermo-acoustique (plaque de plâtre sur laine minérale ou polystyrène expansé élastifié de chez BPB Placo, Lafarge Plâtre ou Knauf), remplacement des portes palières et des portes de distribution, le plus souvent creuses, par des portes massives étanches (porte Tandem de chez Samic ou autres références de chez Malerba, Huet…), création de sas d’entrée… Entre logements, le doublage des cloisons séparatives par un complexe isolant se révèle efficace…, à condition d’être correctement dimensionné et que les bruits perçus ne soient pas le fait de transmissions parasites ou latérales. D’où l’importance du diagnostic préalable… Ainsi, des doublages acoustiques minces, efficaces sur certaines cloisons, sont inopérants sur des voiles béton de 12 cm dont ils dégradent même l’isolement global !
Les bruits d’impact plus gênants. Les impacts, plus gênants parce qu’intrusifs, sont amplifiés par les cloisons légères (briques plâtrières, carreaux de plâtre creux) et les dalles et voiles minces en béton (une survivance des années 1970 où cette minceur était synonyme de performance et d’économie). Et comme on ne peut pas toujours alourdir la structure par des chapes flottantes coûteuses et délicates à mettre en œuvre, seuls restent en lice les chapes sèches sur granules ou les revêtements de sols souples sur sous-couches élastiques. Enfin, un traitement absorbant en plafond des parties communes s’avère utile pour réduire le bruit réverbéré dans ces espaces souvent réfléchissants.