Cinq ans après son rachat par la communauté d’agglomération de Soissons, l’austère alignement en peigne des bâtiments de la caserne Gouraud se convertit en quartier tertiaire, symbole de la renaissance de la ville, déprimée par le départ de l’armée de terre. Face aux vestiges de l’abbaye médiévale de Saint-Jean-des-Vignes, la colline Gouraud s’étend sur 13 hectares dominant la ville historique. L’architecte Jean-Michel Wilmotte, en charge de la conception globale de la reconversion, a choisi une solution mesurée, progressive, respectueuse de l’histoire et de l’existant. « Nous avons recomposé le quartier autour d’un grand espace ouvert en procédant à quelques démolitions. Les bâtiments ont été transformés en gardant leurs proportions, leurs rythmes répétitifs et les superbes vues sur la campagne et l’abbatiale… L’espace clos de murs et de grilles a été percé sur les quatre points cardinaux, son allure de parc pousse les lycéens et les habitants du quartier à y tracer naturellement des cheminements à pied.
Démarche environnementale. La mémoire du lieu est conservée en maintenant les bâtiments de chaque côté de l’esplanade. « Leur disposition structure l’espace et offre le recul nécessaire par rapport au site classé de l’abbaye », dit l’architecte. Sont maintenues les façades en moellon, le rythme répétitif des fenêtres et les toitures à deux pans en ardoise et en tuiles. Les bâtiments sont transformés en quatre temps : ils sont allongés, rehaussés, puis emballés d’une façade en verre et reliés entre eux par une galerie-promenade qui donne sur l’esplanade.
Un épais matelas végétal isole le nouveau quartier des boulevards « dans l’esprit d’un technoparc ». 300 arbres adultes ont été plantés pour entourer les places de stationnement et longer l’esplanade. La démarche environnementale a poussé à récupérer les matériaux de démolition pour créer les passages sur l’esplanade et les bordures de parking. L’essentiel de la surface au sol est resté poreux et en dévers de 10 cm par rapport aux trottoirs, pour recevoir et stocker le plus possible d’eaux pluviales. La nuit, les sources lumineuses sont douces et collées aux façades pour créer une atmosphère assez théâtrale.
Galerie de boutiques et de cafés. Les premiers bâtiments ont vite trouvé preneur. Selon le président de la communauté d’agglomération, Jean-Marie Paulin, « le succès est lié à la qualité des aménagements, l’installation du très haut débit, la mobilisation des partenaires institutionnels, la souplesse de l’offre. » Les institutionnels ont amorcé la pompe, mais ensuite un centre d’appels scandinave est arrivé, puis la maison de l’emploi et de la formation, une pépinière d’entreprises... Des logements sont également construits. La polyclinique Courlancy de Reims va y regrouper trois établissements pour un investissement de 11 millions d’euros avec trois bâtiments. Une seconde clinique va suivre.
Restent à transformer sept bâtiments. Côté esplanade, ils devraient donner sur une galerie de boutiques et de cafés avec terrasse. En fond de cour, la communauté d’agglomération prévoit un parking en silo de 600 places et un conservatoire de musique de 3 500 m2. Le concours de maîtrise d’œuvre sera lancé début 2008 pour une livraison courant 2010. Jean-Michel Wilmotte pourrait poser sa candidature, histoire de parachever en beauté la transformation de ce site militaire.


