Reconversion : le paquebot change de cap

A Paris (XVe), cet IGH tertiaire des années 1970 percé de hublots s'est mué en un espace de coliving et de coworking.

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Depuis la terrasse partagée en R + 13, les locataires disposent de l’un des plus beaux panoramas sur Paris.

A l'époque où circulaient encore les 4L, les Ami 8 et autres Solex, ses niveaux supérieurs se paraient d'un bleu profond que n'aurait pas renié l'artiste Yves Klein (1928-1962). Conçu à l'aube des années 1970 par l'architecte Marcel Roux pour accueillir le siège social de la Sonacotra (aujourd'hui Adoma) à Paris (XVe ), cet IGH a changé d'usage mais a conservé sa superbe au terme d'une délicate réhabilitation menée par les agences Calq et Bond Society pour le compte de Covéa Immobilier. Les 13 étages de cet ensemble accueillent désormais un programme destiné aux jeunes actifs, conciliant habilement coliving et coworking.

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« Composition claire et lisible ». Baptisé « Pong » en référence à l'ancêtre mythique des jeux d'arcade, ce projet n'avait pourtant pas l'évidence d'un smash. Il paraissait a priori complexe d'imaginer un tel programme abrité dans la coque du vieux navire, comme l'explique Stéphanie Guignetrand, responsable du projet chez Covéa : « Lors de la consultation lancée en 2018 par Adoma et la Ville de Paris, nous étions bien les seuls à vouloir conserver ce bâtiment à la composition claire et lisible. La facilité aurait été de détruire pour reconstruire, ou même de déclasser cet IGH pour le transformer plus facilement. Même s'il a fallu surmonter de nombreux obstacles techniques et réglementaires, nous avons fait preuve de ténacité pour mener le projet à son terme. Et le résultat nous donne raison. » Chaque élément programmatique trouve intuitivement sa place dans les trois volumes superposés qui structurent l'édifice, facilement identifiables car séparés les uns des autres par des étages vitrés : une cafétéria, un local associatif et une salle de sport animent le socle qui s'ouvre sur la ville ; 2 700 m² de coworking s'installent dans la barre (de R + 1 à R + 4) et huit duplex en coliving, accueillant chacun 12 chambres, se logent dans la tour (de R + 5 à R + 12). Tout cela n'entraînant qu'un minimum de démolitions : refonte des circulations verticales au sein du noyau, passage des gaines, ouverture d'escaliers dans les duplex et création de doubles hauteurs dans le socle.

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Un bâtiment plus ouvert. Les architectes de Calq ont ciblé leurs interventions sur quelques points clés qui se concentrent sur le noyau central, cherchant à valoriser le bâti existant. « Notre parti pris a consisté à nous rapprocher au maximum de l'aspect d'origine de la façade en faisant ressortir, plus clairement encore, les baies alvéolaires qui confèrent toute son identité au bâtiment », explique Sylvie Turpin, directrice du pôle conception de l'agence.

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Par rapport à l'ancien édifice, très introverti, Pong soigne les espaces extérieurs. Un parvis incliné projette l'immeuble sur le quartier, et l'ouverture de grands espaces vitrés en rez-de-chaussée lui confère un caractère plus urbain. Plus haut, les utilisateurs des bureaux disposent d'une généreuse terrasse au quatrième étage, tandis qu'un accueillant rooftop permet aux locataires des étages supérieurs de siroter un cocktail avec vue sur la tour Eiffel. Calq a enfin dessiné huit loggias en double hauteur qui agrémentent les salons des duplex, grâce à un subtil retrait par rapport aux façades de béton.

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Pour organiser les huit étages de la résidence portée par la start-up Colonies, la maîtrise d'ouvrage a misé sur l'expérience de l'agence Bond Society, laquelle a publié un ouvrage de référence sur cette tendance. Le concept retenu superpose diverses strates d'intimité : espaces partagés (hall, paliers), semi-privés (séjours) et privés (chambres de 16 à 32 m²). Si chaque usage a trouvé sa place dans Pong, Covéa souhaite désormais que les programmes s'hybrident et se nourrissent les uns les autres : que certains coworkers deviennent des colivers et inversement.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Covéa Immobilier, ARC Project Management (AMO), Zefco (AMO environnement).

Maîtrise d'œuvre : Calq (mandataire), Bond Society (architecte associé). BET : S2T (structure, fluides), Mugo (paysage), Alternative (acoustique), STM (dépollution), Viatec Eco (VRD), Hugues Sitoleux (sécurité), Casso (coordination SSI), Build One (OPC), CSD (préventionniste). Economiste : Mazet.

Bureau de contrôle : Socotec.

Principales entreprises : LBC (gros œuvre), Castel Alu (menuiseries extérieures), Lafon (CFO, CFA, GTB), Rougnon (CVC, plomberie), Brard (menuiseries intérieures), Snadec (curage, dépollution).

Surface : 7 950 m² SP.

Livraison : mars 2024.

Coût d'opération : N.C.

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