L’Institut universitaire des métiers du patrimoine (IUMP), pôle national d’innovation technologique en restauration du patrimoine bâti de Troyes (Aube), a présenté, voici quelques mois, une nouvelle formulation de béton de chanvre sans ciment, constitué d’agrégats à base de chènevotte (des copeaux de chanvre de 6 à 10 mm) et autres types de liants naturels (argile, gypse et chaux aérienne). « D’autres formulations peuvent également être envisagées avec, comme agrégats, des fibres de lin ou de paille. L’important est, pour nous, de proposer dans le cadre du développement durable une formulation très écologique, sans additif synthétique, biodégradable à 100 % et contenant des liants peu gourmands en énergie pour leur fabrication, explique Philippe Tourtebatte, ingénieur chargé du développement à l’IUMP. Pour produire du ciment, il faut calciner les ingrédients initiaux à une température de 1 450 °C. Les liants que nous utilisons sont fabriqués à une température inférieure à 300 °C. »
La formulation de ce béton a également été étudiée pour présenter des caractéristiques thermiques et acoustiques similaires à celles des bétons de chanvre déjà commercialisés, mais avec des performances mécaniques bien supérieures, obtenues grâce au mélange de différentes fibres entre elles. « Les bétons de chanvre aujourd’hui disponibles ne sont mis en œuvre qu’en remplissage entre structures. Ce nouveau béton pourra être utilisé pour des cloisons ou des refends. Des essais sont en cours pour valider les niveaux de portance et définir les limites de sa résistance mécanique. » La commercialisation devrait se faire sous la forme d’un mélange prêt à l’emploi avec gâchage sur chantier ou sous celle de blocs à maçonner.
« Ce produit est aussi simple à mettre en œuvre par banchage que les produits existants, avec comme avantage de faire sa prise en une heure, ce qui permet de décoffrer très rapidement. Seul impératif, il doit être protégé par un enduit à la chaux lorsqu’il est utilisé en extérieur. Mais un de nos objectifs est surtout qu’il puisse servir à la préfabrication de modules pour la construction de maisons de plain-pied, dans un premier temps, et sur plusieurs niveaux ensuite. » Une fois les phases d’essais et de finalisation du produit terminées, un ouvrage témoin sera réalisé.
