Réaliser : le pilier économique Chères, très chères tours…

De la crise financière à la crise de l’immobilier de bureaux, l’avenir des tours est-il d’ores et déjà compromis ? La mixité fonctionnelle est-elle la solution ?

Réservé aux abonnés

A force de lorgner vers les étoiles, les promoteurs ne risquent-ils pas de tomber de haut ? Chiffre d’affaires en baisse, ventes en berne, chute des transactions et suppressions d’emplois, le tableau n’est pas rose chez les grands de l’immobilier. Est-il bien raisonnable à ce compte-là de se lancer à l’assaut des sommets ? Unibail-Rodamco, premier investisseur européen d’immobilier commercial (patrimoine évalué à 26,10 milliards d’euros en juin 2008), y croit en tous les cas, qui a dans son escarcelle des projets aussi prestigieux que les tours Majunga (400 millions d’euros, 195 m, 65 000 m2, Jean-Paul Viguier, architecte) et Phare à Paris - La Défense (800 millions, 300 m, 130 000 m2, Thom Mayne, architecte) ou encore la tour Triangle à la porte de Versailles (200 m, 70 000 m2, Herzog et de Meuron, architectes).

Levier de développement

« Les projets de tours sont impactés par la crise financière, concède Bertrand Julien-Laferrière, directeur exécutif développement chez Unibail-Rodamco. Nos trois opérations majeures n’échappent pas à la rigueur de la situation. Dans le même temps, ajoute-t-il, la demande de surfaces tertiaires de très grande taille est importante et devrait le rester, dans une période propice aux consolidations et au reengineering des organisations au sein des grands groupes. » Même chose pour la rénovation : « Face au nouvel environnement financier, nous avons décidé de ne lancer la rénovation de la tour CB 21 (ex-tour Gan), acquise en juillet 2007, qu’une fois un accord obtenu avec un futur locataire », confiait à l’AFP Christophe Kullmann, président du directoire de Foncière des Régions.

Trente-cinq ans après la tour Montparnasse (210 m), même sur fond de crise, les tours continuent de séduire leurs zélateurs qui y voient un levier de développement économique. Sur la couronne parisienne, déclarait récemment au « Moniteur »(1) Bertrand Delanoë, maire de Paris : « Le paysage reste à inventer, avec comme enjeux le logement, la dynamique économique, les ambitions écologiques d’un urbanisme durable. Dans ce cadre, il peut être légitime de créer de l’espace en hauteur et d’en libérer au sol. » Une réponse en écho au projet Triangle qui, dans un embryon de mixité, devrait comprendre espaces accessibles au public, restaurants, belvédère, etc. Architectes et promoteurs semblent en effet soucieux, au moins sur le papier, de réaliser la mixité fonctionnelle. Façon de faire vivre le quartier, d’optimiser ressources et consommations. L’IGH monofonctionnel aurait-il vécu ? Voire… « Forcer la mixité comme pour la tour Signal n’est envisageable que dans un environnement exceptionnellement porteur, sur des sites qui le permettent », tempère Bertrand Julien-Laferrière. Alors, l’avenir des tours, chères à concevoir, à construire et à entretenir, est-il compromis ? « Le renchérissement du coût et la rareté du capital vont empêcher beaucoup de promoteurs confrontés à des difficultés financières de lancer leurs opérations et forcer les groupes qui ont préservé leurs capacités financières à revisiter les paramètres de leurs opérations. » On le voit, rien n’est joué.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires