Série de réactions au lendemain de l'annonce par le président de la République, Nicolas Sarkozy, de la construction d'un deuxième réacteur EPR en France.
Jean-Louis Borloo juge "marginal" le rôle de ce deuxième EPR
Pour le ministre de l’Ecologie et du Développement Durable Jean-Louis Borloo ce deuxième réacteur EPR ne remet en rien en question la pertinence du Grenelle de l’environnement. "Proportionnellement, même avec cette annonce, le nucléaire baisserait dans le mix énergétique français. Nous sommes à la veille, peut-être, d'une révolution qui va être l'électricité. Si demain matin les voitures sont presque toutes électriques, il va bien falloir qu'on produise de l'électricité, et on ne va pas le faire avec des centrales thermiques à charbon qui aggravent l'effet de serre", a développé le ministre.
"En revanche, plus que doubler les énergies renouvelables, ça change le mix énergétique français, et réduire de 20 ou 30%, ce qui est l'objectif, les besoins énergétiques, faire des économies d'énergie, investir massivement sur les économies d'énergie, ça c'est sûr que c'est une bonne idée !", a-t-il conclu.
Le PDG d'EDF se dit "réjouit de l'annonce"
Bien que l’opérateur historique ne voyait pas l’utilité de construire de nouvelles tranches nucléaires dans l’hexagone, son PDG Pierre Gadonneix se dit "réjouit de l’annonce" du président de la république. Le groupe fait valoir, dans un communiqué, qu'il dispose "de sites potentiels d'implantation et des compétences reconnues de ses équipes" et qu'il bénéficie de "l'expérience nécessaire après avoir engagé la construction de l'EPR de Flamanville (Manche)". Et pour justifier sa disponibilité, il parle d’un "contexte d'augmentation de la demande d'électricité et des contraintes liées au réchauffement climatique".
La CGT "se félicite"
La syndicat a publié un communiqué dans lequel elle "se félicite de la décision de lancement du second EPR comme de la confirmation des orientations du Grenelle de l'environnement", souligne le syndicat dans un communiqué.
Cette "décision (...) que la CGT attendait, permet de donner corps à un véritable pallier technique évitant de réduire le 1er EPR à un simple démonstrateur", poursuit le syndicat.
La CGT "souhaite que soient rapidement précisées les conditions de la construction et de l'exploitation de ce nouveau réacteur qui doit s'intégrer au parc nucléaire existant".
"L'efficacité industrielle de la filière nucléaire française tient aux liens étroits entre EDF et Areva au niveau de la conception et de la construction des réacteurs ainsi qu'à leur unité d'exploitation", souligne le syndicat.
"Ce contenu public est une garantie décisive d'une maîtrise collective et démocratique de cette filière énergétique", conclut-il.
Les écologistes parle de la "mort du Grenelle de l'Environnement" .
Les associations n’ont pas été sensibles aux arguments du chef de l’Etat et ont immédiatement réagi.
Greenpeace estime que "les choses se décident en dehors de toute rationalité" alors que "le système nucléaire est en surcapacité", tandis que l'association Sortir du Nucléaire a appelé à une manifestation contre ce projet à Paris le 12 juillet.
Cette décision "unilatérale" du Président français "sonne en partie la mort du Grenelle de l'Environnement" et constitue une "faute lourde", a déclaré le directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot, qui rappelle que la feuille de route adoptée à l'automne dernier donnait "la priorité absolue aux économies d'énergie et au développement des renouvelables".
Greenpeace souligne que cette annonce intervient au moment où la Grande-Bretagne vient de se doter d'un objectif de 15% d'énergies renouvelables en 2020. Et rappelle, au président, que l'EPR de Flamanville, actuellement en construction, était un "démonstrateur" et que "le Parlement devait se prononcer après deux ans de fonctionnement (soit vers 2014) sur le lancement d'un programme EPR" de troisième génération destiné à remplacer les réacteurs actuellement en exploitation.
Pour les verts, "Au mépris de notre avenir, la France devient le show-room du nucléaire pour le VRP Sarkozy et Areva" alors que selon eux, "les 3 milliards d'euros prévus pour sa construction seraient autrement plus intelligemment dépensés s'ils l'étaient dans les domaines des économies d'énergie et des énergies renouvelables, créateurs de 11 à 15 fois plus d'emplois".
Les jeunes verts, eux, rient jaune en estimant que la "centrale nucléaire pourrait trouver sa place dans le projet de développement de Neuilly proposé par Jean Sarkozy"