Considérées comme le talon d'Achille des bâtiments, les fixations, ces systèmes d'ancrage qui assurent le transfert des efforts mécaniques entre deux éléments, structuraux ou non, sont des points clés de la sécurité. Qu'elles soient mécaniques ou chimiques, leur résistance ainsi que leur durabilité sont testées au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) sur son site de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), qui accueille un nouveau laboratoire baptisé Achille, pour Ancrages CHimiques et mécaniques au service de l'Innovation et du déveLoppement pour L'Ecoconstruction. Cet équipement de recherche et développement a nécessité un investissement de 1,2 M€, cofinancé avec le programme France 2030 et la région Ile-de-France.
« Aujourd'hui, nous maîtrisons les méthodes de caractérisation et de dimensionnement des fixations ancrées dans des matériaux traditionnels, assure Nicolas Pinoteau, coordinateur recherche de la direction sécurité, structures, feu du CSTB. Néanmoins, l'apparition de supports propulsés par les enjeux environnementaux, comme les bétons bas carbone ou les matériaux bio et géosourcés, nécessite de réaliser de nouveaux essais pour accompagner la mutation de la filière. » Un enjeu qui va de pair avec celui de l'optimisation de la matière utilisée pour réaliser les ancrages, ainsi qu'avec leur durabilité, dans un contexte de sobriété et de vieillissement du parc bâti.
Modes de ruines
Pour mener à bien des essais, sur mesure ou normalisés, qui concernent la résistance mécanique, aux séismes, au feu et au vieillissement accéléré, sur tous types de supports, le CSTB met donc à disposition des professionnels de la construction les 400 m² de son laboratoire Achille, soit une halle de préparation où se trouvent cinq cabines. « Derrière les portes de couleur sont installés cinq bancs d'essais de pointe, où la température peut être contrôlée - de - 20 °C à 1 000 °C -, tout comme l'humidité relative, un paramètre auquel sont particulièrement sensibles les matériaux à faible empreinte carbone », détaille Killian Regnier, responsable du laboratoire. Les ingénieurs de recherche pourront également éprouver l'influence des conditions de mise en œuvre et vérifier tous les modes de ruines. Achille est conçu pour pouvoir réaliser 3 500 essais annuels, avec des configurations de chargements variées pouvant aller jusqu'à 1 000 kilonewtons (kN).
L'un des postes sera uniquement dédié à la recherche. « Ce banc permettra de répondre aux demandes hors normes ou de donner lieu à de nouveaux référentiels en matière d'ancrage », indique Killian Regnier. « Il nous permettra de définir des protocoles de caractérisation pour évaluer les produits et, en même temps, de déterminer les méthodes de dimensionnement pour les intégrer dans les ouvrages au niveau international », conclut Driss Samri, directeur opérationnel sécurité, structures, feu du CSTB.
