Inexistant il y a 20 ans, le quartier de Puerto Madero, adossé à la Pampa a surgi à partir de la rénovation en zone de plaisance des docks de l’ancien port de Buenos Aires.
Vite devenu un pôle résidentiel cosmopolite et touristique, Puerto Madero, surnommé le « petit Monaco », continue d’être le théâtre de multiples chantiers qui ont assuré le faste des vingt dernières années pour le secteur des fondations spéciales, surtout pour l’Italien Trevi et le Français Soletanche Bachy.
Ces derniers ont assuré, en effet, l’essentiel des chantiers de fondations profondes effectués à Puerto Madero. Y compris ceux du chantier d’infrastructure routière du Paseo del Bajo, cette tranchée de 5 km de long réservée aux poids lourds qui borde le nouveau quartier tout en le séparant de la capitale argentine.
Ayant réalisé des études de sols à Puerto Madero pour Soletanche et pour Trevi, l’ingénieur argentin Juan José Goldemberg, patron de Geotecnica, renseigne que les sols de cette berge fluviale sont « mauvais », précisant : « argileux et limoneux avec une nappe phréatique située à 2 m de profondeur évoluant selon le niveau du fleuve. Cela impose des travaux de fondation complexes, incluant des parois et des pieux moulés de 20 à 35 m de profondeur pour les plus hautes tours. »
Autre caractéristique : il n’y a plus guère d’espace disponible pour édifier de nouveaux gratte-ciels face au fleuve La Plata.
Marais asséché
Alors les promoteurs lorgnent ailleurs et notamment du côté d’un terrain de 71 hectares situé à proximité, marais desséché à l’abandon. Là, a toutes les chances de surgir un second nouveau quartier de tours résidentielles haut-de-gamme, dans le droit prolongement de Puerto Madero.
Ce recoin perdu de Buenos Aires est méconnu des Portègnes eux-mêmes. On l’appelle soit l’île Demarchi, soit l’ex-Ville sportive de Boca Juniors (projet avorté du célèbre club de football), soit Bord côtier, ou encore Costa Urbana du nom de l’actuel projet immobilier porté par le propriétaire du terrain, le groupe IRSA, qui l’avait acquis en 1997. Avec d’autres promoteurs, IRSA prévoit d’y élever un immense parc résidentiel haut-de-gamme incluant 47 ha d’espace vert public.
Le Conseil municipal de Buenos Aires, qui a approuvé ce projet en première lecture, le 20 août 2021, devrait lui donner son aval définitif « lors des prochains mois ». Le plan général d’urbanisme de Costa Urbana a été conçu par le bureau d’architectes Mc Cormack. Deux tiers du terrain serait aménagé en jardins publics et le tiers restant (24 ha de zone constructible) accueillerait une trentaine de barres d’immeubles de 5 à 10 étages chacune et autant de tours de 15 à 30 étages chacune, voire d’autres tours bien plus hautes.
Se repose alors la question des fondations. « Rien d’impossible au niveau technique », selon Juan José Goldemberg, qui voit plutôt dans le contexte économique instable de l’Argentine le seul frein possible à la réalisation du projet Costa Urbana.