Le Musée de Jeongok est situé en Corée du sud, dans un site préservé, entouré de montagnes et au bord de la fameuse ‘Hantan River’. Ici ont été trouvé 400 bifaces il y a 400 000 ans par ‘homo Erectus’.
La Région de Gyeonggi a organisé un concours international, qui a donné lieu à 500 réponses. Notre projet s’est démarqué par sa démarche « d’harmonie » avec le paysage. Cette notion d’harmonie est centrale dans la culture coréenne. Ce site, nous l’avons longtemps connu a travers ses plans topographiques, remarquables, qui présentaient les courbes sinueuses d’un site en méandre : une vraie calligraphie à l’échelle du paysage.

Le projet est venu très naturellement se dessiner dans cette calligraphie : une ligne continue, onduleuse et serpentine, courant en plan, en coupe et en élévation, une ligne tendue entre les deux collines, un pont habité mettant en tension le paysage.
Une architecture de flux
Un projet calligraphique donc, et plus que cela: un projet hybride entre le "land art", l’ouvrage d’art, l’architecture, et le design. Le paysage est sa vraie nature. Il en a l’échelle, les courbes. Il se parcourt, s’arpente, dedans, dessus dessous, en continuant les collines. Il médiatise le rapport au paysage.
C’est aussi un projet ‘Feng Shui’, pensé avec les flux, de l’eau, de l’air qui traverse le projet dessus, dessous, et qui accompagnent le flux des visiteurs. Et finalement c’est le musée tout entier qui est généré par ces déplacements, par les flux, par le mouvement des visiteurs. C’est une architecture de flux.
Ce musée c’est aussi un design abstrait, comme une bulle de reflets, sans référent. Il est mystérieux, intriguant, on ne sait comment il est fait, il semble lisse, ses joints sont cachés…, et arrivant des collines, on le voit apparaître, comme un ‘vaisseau du futur’, aux reflets lunaires.

‘Un vaisseau à remonter le temps’ plus exactement, futuriste dans son expression, comme ce pays très prospectif et tourné vers le futur. Dedans, il sera immergé dans une ‘grotte futuriste’ au design abstrait, sans référent au monde construit: sols, murs, plafonds, semblent réalisés dans la même matière, une sorte de paysage décloisonné sans couleur comme la mémoire, blanc donc, un paysage mémoriel.
Comme une peau de dragon
L’harmonie, le design calligraphique, le Feng Shui, le blanc, le mouvement reptilien de l’architecture et son enveloppe d’Inox qui évoque la peau des dragons légendaires, la muséographie high-tech et participative, la dimension futuriste, autant d’éléments centraux de l’identité coréenne, fondateurs du projet.
Ce projet porte aussi des savoir-faire européens: dans le domaine environnemental, avec une approche énergétique passive, une ombrière solaire, un travail sur l’eau, de la géothermie (une première là-bas), dans le travail sur la géométrie notamment des façades, avec l’utilisation de logiciels 3D qui n’avaient jamais été utilisés en Corée. A partir de plans d’exécution réalisés à Paris, les entreprises coréennes ont réalisé en valorisant leur excellence dans le domaine de l’acier et de l’Inox.
Par des échanges collaboratifs avec les équipes scientifiques coréennes, nous avons créé des méthodes pour réaliser une scénographie adaptée aux spécificités du public coréen: high-tech certes, mais aussi, très immersive, participative, un brin ludique et basée sur l’expérimentation des visiteurs. Au final, on peut dire que ce projet est représentatif d’un dialogue entre deux cultures.
X-TUpar lemoniteurfr
Architectes français du bout du monde : Grand prix Afex 2012
Prix Afex projet (1/11): l’Eco Resort Six Senses Con Dao, Vietnam, AW²
Prix Afex projet (2/11) : Le marché central de Phnom Penh, Cambodge, Arte Charpentier
Prix Afex projet (3/11) : Le Centre Culturel Onassis, Athènes, Grèce, AS.Architecture-Studio
Prix Afex projet (5/11) : le lycée français Jean-Mermoz, Dakar, Sénégal, Terreneuve / Adam Yedid