Le pari n’était pas gagné d’avance mais il est sur la bonne voie… d’eau. La renaissance du port fluvial de Neuves-Maisons, au sud de Nancy (Meurthe-et-Moselle), devient réalité. Jusqu’alors profilée mono-client auprès du sidérurgiste SAM (groupe Riva), l’infrastructure a gagné de nouveaux débouchés qui l’amènent cette année à presque 950 000 tonnes, l’un des trois meilleurs scores le long de la Moselle canalisée française à grand gabarit qui compte neuf ports. Une fois déduit le flux historique sidérurgique, les nouveaux volumes se montent à 600 000 tonnes.
Le monde de la construction apporte sa pierre à cette relance. En premier lieu, l’exploitant depuis 2019, Lorport, compte comme actionnaire principal la famille Feidt, dirigeante de la société luxembourgeoise Bétons Feidt qui fait tourner déjà de longue date une centrale à béton sur le port de Neuves-Maisons. Cet actionnaire a cru dans le projet malgré le scepticisme ambiant et a convaincu plusieurs acteurs privés et élus de s’engager dans l’aventure. Lorport a investi 11 millions d’euros pour créer ou moderniser les infrastructures.
Carrières et ciment
Par ailleurs, les carrières locales de Vicat et Colas – pour des expéditions vers les Pays-Bas notamment – comptent parmi les clientèles conquises, au même titre que plusieurs cimenteries. « Nous avons pu conclure des marchés avec les différents confrères de Bétons Feidt : Italcementi, Vicat, Eqiom », précise Christophe Mendes, directeur de Lorport et de la filiale française de Bétons Feidt. D’autres trafics proviennent de pneus usagés, de céréales ou encore de pâte à papier.
Quant à l’interlocuteur historique, il appartient lui aussi au monde de la construction, puisque la Société des aciers d’armature pour le béton (SAM) produit des ronds à béton… et plus encore à présent : elle a mis en service, il y a quelques mois, une unité de treillis soudés sur place. Selon Lorport, l’état amélioré des infrastructures et leur renforcement créent des conditions favorables au développement de l’industriel. « Nous remplissons les bateaux dans l’autre sens de trajet que celui qui vient à la SAM ou en repart », décrit Christophe Mendes. Sur les 350 000 tonnes annuelles que représente le volume de la filiale locale de Riva, 60 % résultent des arrivées de ferrailles et 40 % des expéditions de produits finis.
Lorport compte, en outre, poursuivre les investissements, synonymes de marchés pour le BTP. Après deux bâtiments de stockage de près de 3 000 m2 au cumul qui seront mis en service au cours du premier semestre prochain, l’exploitant de Neuves-Maisons a lancé l’étude pour sa connexion ferroviaire. Est également prévue la construction d’un terminal entre Epinal et Chavelot (Vosges) au bord du canal des Vosges. Cette voie de communication est également réactivée après 20 ans de léthargie. Le 8 décembre, de la marchandise est partie d’une péniche classique sur le réseau à petit gabarit qui relie Neuves-Maisons à Golbey en 17 heures.
La liaison à petit gabarit vers le canal des Vosges a été réactivée à l’occasion d’une cérémonie, le 8 décembre. © Lorport
