La notion de document de référence trouve sa consécration dans les recommandations professionnelles sur les bardages rapportés végétalisés (BRV). Page après page, le fascicule édité en début d’année par l’association française des toitures et façades végétales (Adivet) se réfère auDR, sésame pour accéder aux règles de l’art.
Une check-list de référence
Pour en avoir le cœur net, le lecteur doit se reporter aux 19 rubriques de la check-list de l’annexe 1, intitulée « Document de référence (DR) d’un BRV ». Les professionnels du bâtiment y retrouvent les terrains familiers de la « constitution des ossatures support » (troisième rubrique) ou du « comportement au feu » (7). D’autres thèmes les rapprochent du vivant, lorsqu’il s’agit de « constitution du complexe de végétalisation » (6) ou du « guide des choix en fonction des atmosphères » (10).
L’omniprésence du DR révèle un vide : « Aucun DTU (NDLR: document technique unifié) ne couvre les bardages rapportés, et a fortiori les BRV. En terme de document de référence, il n'existe actuellementqu’un seul Avis technique, celui de l’entreprise Tracer. Son dirigeant François-Xavier Jacquinet a d’ailleurs contribué à la rédaction des recommandations », signale François Lassalle, animateur du groupe de travail sur les BRV lancé par l’Adivet dès 2013. Face à la complexité et au coût requis pour décrocher un avis technique, l’association recommande la procédure simplifiée des Enquêtes de techniques nouvelles, ou à tout le moins le respect de la check-list de l’annexe 1 des recommandations relative au DR.
Une première étape pour le béton
Fondateur du département Sopranature qui a introduit les toitures végétalisées chez le leader mondial de l’étanchéité Soprema, François Lassalle apporte un autre éclairage sur le vide comblé par les recommandations : « Pour rédiger les règles professionnelles des toitures végétalisées, l’Adivet avait pu s’adosser à la Chambre syndicale française de l’étanchéité. Mais il n’existe pas de structure comparable dans le domaine du bardage ».
Pour simplifier l’accès à un univers caractérisé par la diversité des techniques, les rédacteurs ont restreint le champ des recommandations aux structures porteuses en béton, associées à des ossatures constituées de profilés métalliques. « Il ne faut pas y voir de la frilosité. A chaque support, correspond une manière de raisonner qui mérite une traduction réglementaire. J’en ai fait l’expérience dans des BRV sur acier. Mais pour ces premières recommandations, notre choix s’est porté sur le marché le plus important », commente François Lassalle.
L’entretien, clé du succès
Même avec ce champ restreint, la diversité des procédés a compliqué le travail de rédaction : « Nous avons tenu à intégrer la technique de végétalisation sur nappe continue, chère au botaniste Patrick Blanc. Cela nous a souvent contraints d’ajouter des paragraphes spécifiques », souligne l’animateur du groupe de travail.
Comme les règles des toitures végétalisées, les recommandations relatives aux BRV conduisent les professionnels du bâtiment à s’intéresser aux interfaces avec le végétal. Les contenants prennent soit la forme de modules préformés - cages et cassettes – soit celle de plaques permettant la fixation de nappes continues. L’importance de l’entretien et de l’irrigation figure également parmi les spécificités typiques du bâtiment végétalisé.
En attendant les règles
La restriction du champ des recommandations consacrées aux BRV n’a pas empêché ses rédacteurs de buter sur un obstacle majeur : la commission prévention produits (C2P) de l’Assurance qualité construction n’a pas accédé à la demande de l’Adivet, qui souhaitait donner aux BRV un statut équivalent à celui qui régit les toitures. Ces dernières ont obtenu des règles, alors que les façades doivent se contenter de recommandations.
Cet échec a contraint à une refonte complète du premier projet de document. Supervisé par Jean-Claude Burdloff, du bureau d’études SECC, ce travail de fourmi a fini par aboutir la publication de décembre 2024. L’accueil du marché récompense l’effort des bénévoles de l’Adivet : « Avec plus d’un millier de téléchargements en deux mois-et-demi, je peux confirmer le besoin auquel répondent les recommandations professionnelles », se réjouit Sophie Rousset-Rouvière, déléguée générale de l’association.