Le ministère tchèque de la Culture a classé "monument culturel" un grand magasin moderne construit dans les années 1970 au centre de Prague, bloquant ainsi la démolition prévue par la chaîne de distribution britannique Tesco.
"Si le propriétaire, donc aujourd'hui Tesco, veut procéder à des réaménagements, il devra obligatoirement demander l'avis de la mairie de Prague" comme pour tout bâtiment protégé, a expliqué à l'AFP la porte-parole du ministère, Ludmila Kadrnkova.
Construit dans le style "néo-fonctionnaliste avec d'importants éléments machinistes" selon les termes du ministère, ce grand magasin d'Etat de cinq étages connu du public sous le nom de "Maj" a été achevé en 1975, vendu à la chaîne américaine Kmart après la chute du communisme puis repris par Tesco en 1996.
"Nous devons accepter le fait que Maj appartient désormais au patrimoine protégé", a réagi la porte-parole de Tesco en République tchèque, Jana Matouskova en précisant que le groupe analysait "l'impact de cette décision".
Révélé début 2006, le projet de raser "Maj" pour construire un bâtiment neuf avait suscité un large débat à Prague sur la valeur de l'architecture des années 1970-80, les dernières décennies du régime communiste.
"L'architecture de Maj affiche certains liens avec le Centre George Pompidou à Paris" (inauguré en 1977) et développe plusieurs styles de l'entre deux guerres, dont le fonctionnalisme et le constructivisme, selon Jiri Vajcner, en charge de la protection des monuments au ministère de la Culture.
Avec ses escalators extérieurs et ses grandes façades vitrées soutenues par des structures métalliques, ses créateurs, Miroslav Masak, John Eisler et Martin Rajnis, "ont créé quelque chose de différent des panelaks, ces HLM hideux qui avaient envahi les villes tchèques sous le communisme", a-t-il expliqué à l'AFP.
Protéger ou non ? Démolir ou reconstruire ? L'affaire fait débat à Prague qui compte bon nombre de constructions pouvant à la fois être perçues comme des symboles d'une certaine architecture mais aussi comme les vestiges honteux du passé communiste. Citons notamment la "nouvelle scène" du Théâtre national, la tour de télévision de Zizkov ou encore le grand magasin "Kotva".
