Port de Tanger 69 caissons pour calmer la Méditerranée

Le port en eau profonde de Tanger pourra accueillir les plus grands navires porte-conteneurs du monde. Le choix d’une solution à base de caissons immergés a permis de gagner 18 hectares sur la surface du plan d’eau et de réduire de plus de 10 millions de tonnes les enrochements qu’aurait nécessités une digue à talus.

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Avec 10 000 tonnes de matériaux acheminés chaque jour sur le chantier, 7 500 blocs de béton positionnés par satellite, 1 000 compagnons au travail sur un chantier ouvert 24 heures sur 24… le projet du nouveau port de Tanger constitue l’un des plus importants chantiers d’équipement lancé au Maroc.

Situé sur la côte Méditerranéenne, à 35 km à l’est de Tanger, le futur port en eau profonde est associé à une zone franche et s’inscrit dans un vaste projet de développement économique du nord du Maroc. « Ce port sera l’un des plus grands ports à conteneurs de la Méditerranée, il pourra grâce à ses tirants d’eau recevoir les plus grands navires porte-conteneurs du monde et offrira une capacité nominale de 3,5 millions de conteneurs EVP », souligne Said Elhadi, président du directoire de l’Agence Spéciale Tanger-Méditerranée (ASTM).

Bouygues Construction, à travers ses filiales Bouygues Travaux Publics et Bymaro (Bouygues Maroc), a remporté en juin 2003 un contrat de 223 millions d’euros pour la conception et la construction de ce nouveau port commercial de Tanger. L’opération est réalisée en groupement avec la société Saipem (33 %) pour le compte de l’Agence Spéciale Tanger-Méditerranée.

Un « mur anti-houle vertical » en deux parties.Bouygues Construction s’est vu confier les digues, les remblais et le dragage de la zone interne du port pour atteindre les 17 mètres de fonds nécessaires à l’accostage des bateaux porte-conteneurs. Le projet principal consiste à construire une digue de protection, sorte de « mur anti-houle vertical » qui protégera les terre-pleins et le plan d’eau, destinés à accueillir les installations du nouveau complexe portuaire. En 2005, Bouygues Construction a remporté un lot complémentaire de 32 millions d’euros pour assurer la conception et la construction d’un poste pétrolier et d’un quai céréalier.

Pour la réalisation du port et de ses digues, Bouygues Construction a été retenu sur la base d’une variante. « Au lieu de réaliser une seule digue en talus, nous avons choisi de réaliser la digue en deux parties », indique Joseph Harnois, directeur du projet Port de Tanger chez Bouygues : une première digue constituée par un talus de 7 500 blocs Accropodes (1) dans les eaux peu profondes prolongée par une deuxième digue en caissons préfabriqués en béton armé pour les zones dont les fonds dépassent 20 mètres de profondeur. « Cette variante offre de nombreux avantages parmi lesquels un accroissement de la surface du plan d’eau de près de 18 hectares. Elle diminue également l’impact sur l’environnement, en réduisant l’emprise au sol des ouvrages et les volumes de matériaux utilisés. Cette solution conduit enfin à un délai d’exécution plus court », indique Joseph Harnois.

Les travaux ont été menés à partir de données recueillies sur la houle. Effectués sur ordinateur puis en canal sur reconstitution miniature de la digue, ils ont notamment permis de définir la taille, la forme géométrique des caissons et de vérifier leur stabilité ainsi que les efforts de la houle sur la structure.

Les conditions particulières de cette zone maritime et l’objectif de réaliser un ouvrage capable de durer 100 ans ont nécessité le recours à un béton spécifique répondant à deux impératifs : une imperméabilité aux ions chlorures contenus dans l’eau de mer et une réduction de la fissuration de ce matériau. « La mise au point des bétons nous a demandé près d’un an d’essais », précise Joseph Harnois qui a également travaillé avec les équipes techniques de Bouygues sur la protection cathodique (une bande en titane alimentée par courant continu protège les armatures en acier de la corrosion).

Entrée en service du nouveau port de Tanger courant 2007. Pour réaliser la digue et fabriquer les caissons, plus de 6 millions de tonnes de matériaux ont été nécessaires. Bouygues Construction a ouvert une carrière à Haft Labbnate sur les collines en surplomb du port. Cette carrière produit les enrochements et les composants du béton (agrégats et sable) au rythme de 400 000 tonnes par mois. La route de 8 kilomètres spécialement aménagée par une filiale de Colas pour le transport des matériaux jusqu’au port est ouverte 24 heures sur 24 aux 500 rotations qu’effectuent chaque jour les 50 camions.

Le nouveau port de Tanger, dont la livraison est prévue pour le mois de juin 2006, entrera en exploitation à partir de 2007.

Le terminal à conteneurs va être exploité par deux concessionnaires. « La première concession (terminal 1) a été attribuée à APM Terminals (groupe Maersk) et le deuxième concessionnaire (terminal 2) devrait être désigné prochainement », indique Said Elhadi, président du directoire de l’Agence Spéciale Tanger-Méditerranée. Le terminal roulier (chargement et déchargement de véhicules) devrait entrer en service à l’été 2007 et les premiers entrepôts sont prévus pour fonctionner au mois de septembre 2007.

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