Pollution de l'air intérieur : "les plantes ne permettent pas une épuration efficace des volumes d'air des bâtiments"

En juin dernier, l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur, en partenariat avec l'ADEME et la Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lille, a organisé un atelier visant à faire le point sur les principaux éléments de connaissance scientifique concernant la dépollution de l'air par les plantes. Retour sur les principales conclusions.

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Ficus

L'UFC-Que Choisir dans sa revue de septembre a publié les résultats d'une enquête sur la pollution des lieux de vie de 35 députés et sénateurs et de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno. Alain Bazot, le président d'UFC-que-choisir résume sur son blog les résultats. "29 révèlent une qualité de l'air mauvaise (dont 9 très mauvaise), 7 une qualité de l'air moyenne, et aucune ne peut prétendre à la mention « bonne » ! La totalité des prélèvements présente de trois à quatre substances cancérigènes, parmi lesquelles du benzène et du formaldéhyde, classé polluant prioritaire par l'Observatoire de la qualité de l'air intérieur (OQAI). 78 % dépassent la norme maximale recommandée pour le formaldéhyde!"

Ces parlementaires auraient-ils pu, comme on peut maintenant le lire chez certains fleuristes, réduire la présence des composés organiques volatiles (COV), en installant plus de plantes dans leurs logements ? C'est à cette question que les spécialistes français du sujet ont tenté de répondre, lors d'un atelier intitulé « épuration de l'air intérieur par les plantes », organisé par l'OQAI le 28 juin 2010, au CSTB à Paris,.

Cette journée a permis de faire le point sur les travaux de laboratoire menés au niveau international, confirmant les capacités épuratrices intrinsèques des plantes mais aussi, à partir des rares travaux réalisés à l'échelle de l'habitation, de montrer un rendement de dépollution très faible par rapport aux niveaux de pollution rencontrés dans l'environnement intérieur.

Les plantes en pot ne permettent pas une épuration efficace des lieux de vie

Toutes les études montrent qu'en laboratoire, autrement dit à des concentrations supérieures à celles rencontrées dans l'air intérieur, sur des substances seules et pendant des durées limitées, les plantes possèdent des capacités d'abattement avérées vis-à-vis de polluants gazeux tels que le monoxyde de carbone, les COV et le formaldéhyde. Par contre, les spécialistes sont tous d'accord pour dire qu'"en l'état actuel des recherches, les rendements d'épuration observés lors de l'utilisation de plantes en pot dans des espaces réels restent faibles, ne permettant pas une épuration efficace des volumes d'air des bâtiments."

Ils ont aussi profité de cette rencontre pour avertir que "l'utilisation d'étiquettes mentionnant les vertus dépolluantes de certaines plantes vendues dans le commerce est prématurée à ce jour" et affirmer que "les dispositifs « dynamiques », basés sur le passage forcé de l'air pollué à travers le substrat des plantes (systèmes de biofiltration) semblent les plus prometteurs." Le sol contenant des micro-organismes dont la présence est largement entretenue par les végétaux eux-mêmes.

Bien être au bureau et plantes, pas de lien avec la phytoremédiation

Les scientifiques ont aussi rappelé que "les substrats sur lesquels poussent les végétaux constituent des réservoirs de moisissures (dont la dissémination dans l'air intérieur pourrait être facilitée, le cas échéant, par la ventilation forcée du substrat) » et que « les effets positifs fréquemment notés dans les bureaux contenant des plantes (augmentation de la productivité, diminution du stress, amélioration du bien-être...) n'ont encore jamais été mis en corrélation avec des variations de concentrations de polluants."

A l'avenir, le programme français Phytair, ainsi que les recherches en cours aux Etats-Unis, devraient permettre d'apporter des réponses sur le nombre de plantes ou de systèmes dynamiques de biofiltration au m2 nécessaires à l'élimination efficace des polluants dans une pièce.

D'autre part, une norme Afnor est actuellement en préparation afin d'évaluer l'efficacité et de l'innocuité des systèmes de phytoremédiation pour applications tertiaires et résidentielles (XP B44-200).

En attendant, l'Oqai rappelle que la phytoremédiation doit intervenir après avoir veillé à limiter les sources de polluants, la mise en place en 2011 d'un étiquetage des produits de construction et de décoration basé sur les émissions de COV y aidera, et après avoir assuré une aération et une bonne ventilation.

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