Plus de confort avec moins d’eau

Les fabricants se préparent aux économies d’eau sans renier le confort. Parfois ils arrivent à concilier les deux.

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Balnéothérapie et économie d’eau : ce sont les deux tendances des offres des industriels du sanitaire. Pas toujours facile pour eux de défendre l’un et l’autre, mais le pli écolo est désormais pris et à n’en pas douter, d’ici quelques années tous les robinets des lavabos de salle de bains disposeront d’un réducteur de débit comme toutes les chasses d’eau d’un double bouton. « C’est allé très vite », souligne Emmanuel Nogues, directeur vente et marketing Europe de l’Ouest chez Villeroy et Boch. « Il y a encore cinq ans, on ne parlait pas d’économie d’eau. » Pour preuve, l’échec commercial de la douche à faible débit (3 l/min) lancée en 2001 par Hansgrohe. « Nous avons posé des jalons, mais le marché n’était pas encore prêt, » constate Jean-Claude Toniutti, directeur marketing France d’Hansgrohe. C’est désormais le cas. De la salle de bains aux WC, les industriels proposent différentes solutions. Petit tour d’horizon.

Robinets et douchettes

Pour les robinets et douchettes, l’économie d’eau passe nécessairement par la réduction du débit. Le débit standard d’une douchette avoisine les 13 l/min, tandis qu’une douche pluie sera plus proche des 18 l/min. Des produits de type Eco smart de chez Hansgrohe revendiquent ainsi 6 l/min pour une douchette à main Crometta 85 Green ou 9,5 l/min pour une douche pluie Raindance E 120. L’ensemble des robinets de lavabos Villeroy et Boch seront proposés avec un débit inférieur de 25 %.

Roca propose sur les cartouches de ses mitigeurs une bague permettant de limiter le débit jusqu’à 50 %. Un point de résistance indique le passage de la zone d’économie d’eau à celle de confort. Une solution deux en un en quelque sorte.

« La réduction de débit ne doit pas se faire au dépend du confort d’utilisation, souligne Jean-Claude Toniutti. Sinon, vous ne vendrez pas le produit. »

D’où l’idée des mousseurs qui viennent ajouter de l’air dans l’eau afin « de la dynamiser et de la rendre plus carressante et plus ronde » continue Jean-Claude Toniutti. Cette fonction est disponible dans les douchettes comme dans les robinets de lavabo. Chez Hansgrohe, la technologie estampillée Air Power s’applique à la douchette Raindance S 150 Air et ajoute à chaque litre d’eau, trois litres d’air. À noter que le seul ajout d’air ne permet de réduire la consommation d’eau que de l’ordre de 10 à 15 %. C’est bien en complément l’un de l’autre que réducteur de débit et mousseur peuvent avoir un impact réel pour l’économie d’eau. La perte de débit est compensée par l’effet boostant de l’air ajouté à l’eau. Il n’y a donc pas de perte de confort. Niveau prix, il faut compter quelque 5 % à 10 % de plus pour l’achat d’une solution à incorporation d’air par rapport à son équivalent classique. Une différence assez faible du fait d’un process industriel ne présentant pas de difficulté particulière. Ce type de système tend à se généraliser. « En janvier 2010, toutes les gammes Villeroy et Boch de robinets de salle de bains seront pourvues d’un mousseur qui permettra de diminuer le débit de 12,5 l/min à 7 l/min », annonce Emmanuel Nogues.

Des solutions qui ne s’appliquent qu’aux seuls robinets de lavabo et douchette. Rien de tel pour la baignoire ou la cuisine. De fait pour la baignoire qu’il faut remplir, la réduction de débit n’aurait que pour conséquence de ralentir le remplissage et d’offrir au final un bain tiède. Dans la cuisine, le lavage impose un débit efficace. On n’évoque plus le confort mais bien l’efficacité pour le lavage de la vaisselle ou pour les légumes.

WC

Dans la sphère domestique, ce sont les WC qui représentent le deuxième poste de consommation d’eau (20 %) derrière la toilette (douche et bain, 40 %). La plupart des produits intègrent désormais un double déclenchement qui permet d’économiser 50 % d’eau pour une « petite commission ». La tendance désormais est à la diminution du volume d’eau nécessaire à une évacuation efficace. Ainsi la cuvette céramique suspendue Green gain proposée par Villeroy et Boch a été conçue avec trois arrivées d’eau simultanées au niveau de la bride. « Nous avons travaillé sur l’hydrodynamisme de la cuvette, explique Emmanuel Nogues. Cette solution nous permet d’avoir un volume de réservoir inférieur de l’ordre de 40 %. Au lieu du désormais traditionnel 3 l/6 l, nous proposons un réservoir de 2 l/3,5 l. » Le fabricant propose également un urinoir dont le « vidage spécial à action siphonique » permet une réduction du volume de rinçage de 2 l à 0,8 l.

De son côté, Roca a présenté au salon ISH de Francfort un concept novateur au nom sobre : W W pour washbasin & waterclosed (lavabo et cuvette). Conçu en une pièce unique suspendue, le W W intègre un lavabo dont les eaux sont réutilisées directement par la cuvette des WC. « L’utilisation de l’eau au sein de la salle de bains s’en trouve réduite de 25 %, promet le fabriquant dans un communiqué, par rapport à l’utilisation d’un WC doté d’un réservoir équipé d’un mécanisme 3/6 l. » Un système de nettoyage automatique élimine bactéries et mauvaises odeurs.

Dans le cas où l’installation d’un nouveau WC n’est pas à l’ordre du jour, on peut toujours se rabattre sur des accessoires tels l’économiseur d’eau. Proposé sur de nombreux sites d’e-commerce écolos et en grandes surfaces, ce tube plastique s’installe sur le mécanisme de la chasse d’eau et permet d’interrompre l’écoulement d’eau dès que l’on lâche la tirette ou la poignée de la chasse d’eau. À l’utilisateur de jauger le volume nécessaire à l’évacuation. Il ne fera sûrement l’unanimité parmi les professionnels. Autre accessoire, des plaquettes qui se posent dans le réservoir de part et d’autre de la colonne d’évacuation et qui forment barrage. En quelque sorte une version moderne de la bouteille d’eau, ou de la brique posée, au fond du réservoir pour en diminuer le volume…

Traitement des eaux grises

Plus technique, le traitement des eaux grises permet une seconde utilisation des eaux de douches ou de lavabo à des applications qui nécessitent une eau saine mais pas nécessairement potable comme les toilettes, la lessive ou l’arrosage. Le recyclage possible est estimé à environ 60 l sur les 150 que chaque Français consomme quotidiennement. Autant d’eau potable économisée, soit environ 35 %. Le principe est sensiblement toujours le même : une filtration des grosses particules (cheveux, fibres textiles,…), un traitement biologique par bactérie avec oxygénation, une filtration fine. l’Aqua Cycle Pontos d’Hansgrohe propose un traitement d’appoint par UV. Citons comme autres exemples de systèmes domestiques (sans cuves extérieures), iClear de la société Aquae ou l’Aqua-recycling control WME-4 d’Aquality Franc.

« Plus la machine est utilisée, mieux elle fonctionne car les bactéries se renouvellent en permanence, souligne Jean-Claude Toniutti. Ce type d’installation n’a donc aucun intérêt dans une résidence secondaire. » Dans un cadre domestique, le retour sur investissement se fera au-delà d’une dizaine d’années et dépendra bien sûr de la consommation d’eau. Dans un hôtel, celui-ci peut descendre à 4 ou 5 ans. « Pour donner un ordre de grandeur de coût, l’installation dans une maison d’un AquaCycle dimensionné pour une famille de quatre personnes, revient à environ 5 500 €, raccord compris », précise Jean-Claude Toniutti.

En amont ou en aval, les systèmes d’économie d’eau font leur chemin. Dans un contexte où l’eau est encore très peu chère, c’est avant tout pour répondre à la sensibilité écologique des consommateurs que les industriels se sont lancés dans ces nouvelles solutions. « On en est encore qu’au début, souligne Emmanuel Nogues. Les enjeux financiers liés à l’économie d’eau sont négligeables et n’ont pas encore d’influence sur l’usage quotidien de la ressource. Pour répondre à l’attente des consommateurs, nous devons certes proposer des solutions économes mais leur succès commercial passe par une complète transparence dans l’usage. L’utilisateur ne doit pas voir de différence entre un robinet économe et un robinet à gros débit. » Un réalisme commercial qui conduit les fabricants à élaborer des catalogues un rien « schizophrènes » : d’un côté, des solutions économes, de l’autre des concepts de balnéothérapie outrageusement consommateurs d’eau. Environnement ou bien-être, le choix n’est pas si simple.

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