Plantes invasives : une appli pour les traquer sur les chantiers

La FNTP a mis au point Lucee-TP, une application pour détecter les plantes envahissantes afin de ne pas faire du chantier une occasion pour elles de proliférer.

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La renouée du Japon peut croître de 10 cm par jour et il lui suffit d'un rhizome de 7 g pour redémarrer.

Connaissez-vous la grande berce du Caucase ? Cette plante aux jolies ombelles blanches et aux feuilles dentées, reconnaissable à sa tige tachée de pourpre, peut atteindre 3 m de haut. Mais c’est aussi une redoutable conquérante, classée parmi les « espèces exotiques envahissantes préoccupantes » par l’Union européenne.

Sa sève cause de graves brûlures, ce qui complique encore son éradication. Et la renouée du Japon, dont les larges feuilles prennent leurs aises sur les berges et les friches de toute l’Europe ? Cette vivace qui pousse de 10 cm par jour élimine ses voisines en émettant des substances toxiques via son système racinaire. Dotée d’une capacité de résilience phénoménale, un rhizome de quelques centimètres suffit à la faire renaître. 

Problématique récurrente dans les TP

Véritable fléau, les espèces exotiques envahissantes (EEE), introduites volontairement ou non par l’homme hors de leur aire de répartition naturelle, sont l’une des causes principales de l’effondrement de la biodiversité, selon la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES). Mais les dégâts sont également sanitaires et économiques, exigeant des gestionnaires d’infrastructures de longues et coûteuses campagnes d’éradication.

« C’est une problématique récurrente dans les travaux publics, estimait Pierre Grasset, responsable technique chez Equo Vivo, filiale de Vinci Construction dédiée au génie écologique, lors du salon Pollutec. Avec les mouvements de terre qu’il implique, un chantier peut déstabiliser les milieux ». La mise à nu des terrains offre un asile à ces plantes tandis que la circulation d’engins non nettoyés ou l’usage de terres contaminées leur permet de se répandre.

Le PlantNet des chantiers

Pour les repérer et les neutraliser avant qu’elles ne prolifèrent, la FNTP a mis au point l’application Lucee-TP. « Il suffit de photographier la plante et l’appli indique s’il s’agit d’une espèce invasive, fournit un descriptif de ses impacts sur l’environnement et des préconisations de gestion », détaille Laure Amrani, chargée de projets Biodiversité et Eau au sein de la fédération.

Ces informations peuvent ensuite être associées à un chantier de manière à les partager avec les autres intervenants. A ce jour, la base de données de Lucee-TP, issue de l’application PlantNet, comprend une centaine d’espèces.

Un coût non négligeable

Si certaines plantes envahissantes sont facilement identifiables, d’autres prêtent à confusion : ainsi le sainfoin d’Espagne peut être confondu avec l’inoffensive vesce. « Il est important de bien identifier ces plantes pour ne pas traiter comme des invasives des espèces qui n’en sont pas », souligne Pierre Grasset. C’est que le coût de leur gestion n’est pas négligeable : « cela peut représenter jusqu’à 50% du marché de travaux », indique le responsable d’Equo Vivo.

La FNTP dispose également d’un guide « mais il est surtout lu par les responsables QSE, relève Laure Amrani. Notre objectif avec l’application, c’est de permettre à tous les collaborateurs du chantier d’être partie prenante ». Lancée il y a huit mois, Lucee-TP a fait l’objet de 2000 téléchargements suivis par la création de 500 chantiers.

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