« Mieux que l’acceptation, nous visons l’adhésion ». Directrice du syndicat mixte du schéma de cohérence territoriale des Vosges centrales, Laurence Bertrand résume par cette formule le sens de la démarche paysagère lancée en 2022 par cette institution qui regroupe les agglomérations d’Epinal et Mirecourt, soit 154 communes et 160 000 habitants.
Un bon élève de la transition
Fin 2022, l’Etat a sélectionné le territoire parmi les 18 lauréats de son appel à projets annuel sur les plans de paysage. Centrés sur la transition énergétique, six d’entre eux, dont les Vosges centrales, bénéficient d’un accompagnement technique de l’Agence de la transition énergétique, en plus de la subvention de 30 000 euros accordée par la direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature.
Le syndicat mixte vosgien aurait pu céder à la tentation de se reposer sur des lauriers déjà bien garnis : grâce à la mobilisation de ses forêts et à l’une des plus grandes chaufferies bois de France mise en service en 2015 à Epinal, les énergies renouvelables pèsent déjà 31 % de ses consommations. L’énergie figurait parmi les priorités du premier Scot en 2007, puis du plan climat en 2010.
Titulaires du label Territoire engagés transition écologique délivré par l’Ademe, les Vosges centrales appartiennent au réseau des territoires à énergie positive. Elles visent la neutralité carbone en 2050 et se sont dotées d’un outil opérationnel adapté à cet objectif : la société d’économie mixte Terr’ENR, majoritairement détenue par les deux agglomérations qui composent le syndicat mixte.
Vertu fédératrice
Mais pour dégager une vision d’ensemble et susciter une adhésion à partir de tous ces atouts juxtaposés, il manquait un outil fédérateur, comme le souligne le président Michel Heinrich : « Nos ambitions énergétiques ne se réaliseront pas au détriment des autres fonctions du territoire, qu’il s’agisse de production agricole, sylvicole, ou de la biodiversité ».
Pour illustrer la capacité du paysage à relier l’énergie à d’autres aspects du projet de territoire, l’alimentation offre un exemple frappant : les filières courtes promues par les deux agglomérations donnent un cadre à la réflexion sur l’agrivoltaïsme. La quête d’embellissement et d’adhésion excluront l’accaparement des terres et l’artificialisation des sols.
Concertation et désirabilité
« La planification énergétique et paysagère intégrera les autres objectifs du Scot : programmes alimentaires territoriaux, économies d’eau, mobilité décarbonée », insiste Michel Heinrich. Parallèlement à la désignation du maître d’œuvre, le syndicat mixte réunit un conseil scientifique auquel contribueront les agronomes de l’Inrae, les paysagistes de l’ENSP et les élèves architectes de Nancy,
Cette démarche suscite l’enthousiasme du ministère de la Transition écologique. « Nous avons besoin des lauréats de l’appel à projets Plans de paysage, pour généraliser des stratégies de transition qui aillent au-delà de la production énergétique. La concertation et la désirabilité figurent en tête de leur point commun », a noté Vincent Montrieux, sous-directeur de la qualité du cadre de vie, le 28 novembre dernier lors de la présentation officielle de la promotion 2022 du club Plans de paysage.