Les fondements méthodologiques n’ont pas varié, des années 2000 aux années 2020. Pour aider les collectivités à choisir les sites adaptées à l’implantation d’éoliennes, l’Agence d’urbanisme de la région de Reims (AUDRR) part de la mise en évidence des unités paysagères qui composent un territoire.
Espaces de respiration
Pour éviter la saturation de ces sous-ensembles, les urbanistes identifient des points de vue appelés « espaces de respiration » : sur 180 ° et jusqu’à 10 km, le regard ne perçoit aucune éolienne. De cette grille d’analyse, découle un classement des paysages favorables ou défavorables à leur implantation.
L’exercice de planification non règlementaire s’est engagé à l’initiative du préfet des Ardennes, commanditaire d’un premier plan de paysage éolien en 2007, actualisé en 2020 sous la pression de la multiplication des projets.
Entre temps, l’entrée du vignoble champenois au patrimoine mondial de l’humanité a offert une nouvelle opportunité : pour maintenir le bien dans l’élite culturelle planétaire, l’AUDRR a élaboré la charte éolienne de ce territoire, depuis le sud de l’Aisne jusqu’aux côtes des Bar (Aube) en passant par la Marne.
Halte aux guirlandes célestes
L’expertise des urbanistes champenois et ardennais les conduit à sortir de leur périmètre géographique : appuyée par la région grand Est, une nouvelle commande d’Etat vise à généraliser l’application de la méthode à cette échelle. L’AUDRR se diversifie également dans le paysage nocturne, pour éviter les ciels en forme de guirlande de noël, lorsque la sécurité de la navigation aérienne ne le justifie pas.
Attendu pour le premier semestre 2023, le guide régional restera fidèle à la ligne initiale : « Partir de l’identité des paysages, et non de l’application du schéma régional d’aménagement. Autrement dit : oui aux éoliennes, mais pas à n’importe quel prix », insiste Christian Dupont, directeur de l’agence implantée à Reims et Charleville-Mézières. Pas question, pour lui, « d’inféoder aux éoliennes d’autres enjeux, notamment touristiques ». Ce principe laisse peu de chance aux mâts qui lorgneraient sur la montagne de Reims.
Acquis pédagogiques
Principal acquis de la démarche : « Les grands porteurs de projet ont compris qu’il valait mieux aller là où ils auront le moins de contraintes », se réjouit le directeur. La pédagogie fait également ses preuves chez les riverains : dire « je ne veux pas » ne suffit plus pour emporter une décision.
La balle se trouve désormais dans le camp des communes, intercommunalités et syndicats mixtes de schémas de cohérence territoriale : à eux de donner un poids réglementaire aux règles du jeu proposées par l’AUDRR, en les intégrant à leurs documents d’urbanisme.