Les collectivités locales semblent se passionner pour les centres aquatiques. Les annonces d'inauguration, de plans de rénovation et de chantiers fusent des quatre coins du pays. Cette nouvelle effervescence trouve en partie son explication dans l'ancienneté du parc français. L'Hexagone compte plus de 4 100 piscines. Malgré le manque de statistiques précises, « on estime qu'entre 60 et 70 % d'entre elles ne respectent pas la réglementation », remarque Paul Gérard Server, président de la commission piscines publiques de la Fedairsport (1). Ces équipements vétustes pèsent dans les budgets communaux : ils requièrent une maintenance lourde et engloutissent des calories. « En moyenne, une piscine représente entre 20 et 30 % des consommations énergétiques du parc immobilier d'une commune », indique Matthieu Kirchhoffer, expert en traitement de l'eau chargé des centres aquatiques franciliens chez Engie Cofely. Outre qu'ils représentent des gouffres financiers, ces ouvrages anciens se révèlent démodés. Jusqu'aux années 1980, l'apprentissage de la nage constituait la priorité de l'Etat. De nombreux sites se réduisent donc à un bassin de 25 m, pourvu de quatre ou cinq lignes d'eau. Or, les attentes des usagers ont changé : ils réclament des installations destinées à la détente et au divertissement.
Créer un centre urbain
Un grand nombre de communes et d'agglomérations se trouvent donc à la tête d'établissements coûteux, obsolètes et désuets. La rénovation ou la construction de nouveaux bâtiments s'imposent donc logiquement dans les esprits. Ces chantiers ambitionnent souvent de métamorphoser un équipement périphérique en un site qui concentrerait les flux urbains. « Pour la maîtrise d'ouvrage, ce bâtiment devient un élément central dans l'aménagement d'un quartier. Il doit constituer une destination pour les habitants », observe Romain Frion, directeur de projet chez Eiffage Concession, chargé du développement des marchés de partenariat.
Déjà souvent voisins des salles de musculation, les bassins se trouvent petit à petit accolés à d'autres installations sportives et à des galeries marchandes. Si Paul Gérard Server approuve cette évolution, il déplore le manque de concertation des élus : « Ces démarches sont encore très souvent réfléchies au niveau de la commune, alors qu'elles devraient être organisées à l'échelle d'un territoire plus vaste. »
Les nouveaux contrats publics sollicités
Cette nouvelle vague d'opérations se caractérise par un recours accru aux délégations de service public et par l'apparition des marchés de partenariat et des marchés globaux de performance. Le manque de fonds publics et la promesse d'un chantier plus court motiveraient ces choix. « Les collectivités recherchent une optimisation des charges financières. Les offres clés en main, en partenariat avec un exploitant, permettent de répondre à ce besoin », avance Romain Frion. D'autres y voient un effet de mode. « On a vu quelques-uns de ces contrats émerger, mais attendons les retours d'expériences, souligne Paul Gérard Server. Ces montages peuvent se justifier dans certains cas particuliers. Toutefois, ils coûtent souvent plus cher aux contribuables que des marchés classiques. Par ailleurs, dans le cadre des marchés globaux de performance, rares sont les communes en mesure de vérifier le respect des objectifs fixés. » Quelle que soit leur pertinence, ces nouveaux contrats poussent la maîtrise d'œuvre à rechercher une efficacité énergétique optimale. Les bureaux d'études sont ainsi amenés à tester de nombreuses technologies. « Le dessin architectural doit aussi s'adapter à ces impératifs techniques, explique Jonathan Leroy, architecte de l'agence Chabanne + Partenaires, concepteur du centre aquatique de Venelles (Bouches-du-Rhône), un chantier en réalisation, exploitation et maintenance terminé l'année dernière. Il faut donc s'entourer de spécialistes ou faire appel à du sourcing . »
Retrouvez notre dossier complet dans le n°5930 du Moniteur, du 14 juillet 2017.