Pionnière de l'éco-quartier, Fribourg attire des milliers de curieux

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Avec ses toitures végétalisées, ses panneaux solaires et ses rues où le piéton est roi, l'éco-quartier Vauban de Fribourg attire des milliers de visiteurs étrangers, en quête d'informations sur les économies d'énergie.

C'est qu'avec le quartier Vauban, cette ville de 217.000 habitants du sud-ouest de l'Allemagne compte parmi les pionnières en la matière à l'échelle mondiale, aux côtés de Malmö en Suède, Apeldoorn aux Pays-Bas, ou le quartier zéro émission "Bedzed" au sud de Londres.

Au total ce sont chaque année entre 8 à 10.000 visiteurs qui participent à des visites guidées du quartier Vauban, ou à des séminaires sur l'éco-urbanisme et les énergies renouvelables, estime Hans-Jörg Schwander, de l'association Innovation Tours, également sur ce "créneau".

Ce jour-là, ce sont deux cars français venus d'Alsace qui se garent devant la centrale à copeaux de bois qui alimente le quartier en eau chaude et en électricité.

Guidé par un habitant, un groupe grimpe sur le toit de la première "maison passive" du quartier, achevée en 1999.

Grâce à l'orientation, aux fenêtres à triple vitrage, à l'isolation et au système de ventilation à double flux, le bâtiment profite au maximum des apports "passifs" que sont le soleil et les sources internes (chaleur humaine, appareils électro-ménagers...), explique Andreas Delleske.

"Pour chauffer mon appartement de 90 m2 au deuxième étage, je ne paye que 90 euros... par an !", précise-t-il.

Quelques panneaux solaires sur le toit fournissent un peu d'électricité, mais 60% du courant est produit par la chaufferie au gaz, dans la cave de l'immeuble. Lorsqu'elle fonctionne en hiver, elle permet même de vendre du courant aux voisins, à un tarif très avantageux.

Les visiteurs sont émerveillés. "Chez nous, les promoteurs immobiliers ne pensent pas aux économies d'énergie. Ce n'est pas leur problème", relève un retraité de Haguenau (Bas-Rhin).

Mais la "maison passive" n'est pas le fait d'un promoteur. Ses habitants ont à l'origine formé une "Baugruppe", une sorte de coopérative de construction, pour réaliser le projet selon leurs voeux. Le surcoût n'a représenté que 7%, affirme Andreas Delleske.

Le quartier entier, composé à l'origine de casernes construites sous le IIIe Reich et occupées ensuite par l'armée française jusqu'à la Réunification, doit énormément à ses habitants: réunis au sein d'initiatives citoyennes comme le Forum Vauban, ils ont pesé de tout leur poids sur la planification urbanistique.

Il en résulte un îlot dessiné en fonction des arbres existants, où aucun logement neuf n'est autorisé à consommer plus de 65 kwh/m2 par an en chauffage, avec des trouées vertes planifiées en concertation avec les habitants, ou même un four à pain collectif.

Dans les ruelles du "Lotissement solaire", Daniel, venu de Strasbourg, n'en revient pas de voir "toutes ces surfaces de panneaux solaires". Lui-même est installateur professionel et juge qu'en la matière, la France a "cinq à dix ans de retard. Ici, c'est un peu le paradis".

"Nous montrons qu'il suffit d'un peu de volonté pour le faire, et que les progrès techniques permettent de concilier écologie et qualité de vie", résume Jürgen Hartwig.

Les visites à répétition ne sont néanmoins pas toujours appréciées dans le quartier, admet-il: "il y a quelques endroits où n'emmenons plus de groupes, pour éviter les ennuis".

Yann Ollivier (AFP)

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