Il fallait s’y attendre. La pénurie de matières premières et la flambée des prix qui en a découlé, a de fortes répercussions sur les chantiers français.
Voilà en tout cas l’avis exprimé par une majorité des architectes interrogés dans le cadre d’un sondage réalisé à la demande du Conseil national de l’ordre (Cnoa).
Cette enquête, réalisée par le Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) entre le 17 et le 29 novembre dernier, repose sur les réponses de 2 056 professionnels et pour 71 % d’entre eux, la crise des matériaux est la première cause des surcoûts qu’ils constatent actuellement dans les appels d’offres. Un renchérissement qui s'avère massif.
En effet, selon la synthèse publiée par le CNOA le 5 janvier, «près de 80% des appels d’offres lancés par les architectes auprès des diverses entreprises dépassent les prévisions financières».
Le différentiel est loin d’être négligeable : les sondés ont constaté que dans 66% des cas, les enveloppes sont supérieures de 10 à 30%. Le phénomène a été observé dans les marchés privés et, dans une moindre mesure, les marchés publics.
Pour 58 % d’entre eux, les architectes mettent aussi ces dépassements sur le compte de la surchauffe de l’activité qui agit «concomitamment avec la crise des matériaux». En revanche, ils ne sont que 12% à y voir un effet de la pandémie.
Le Cnoa souligne des conséquences lourdes : « dans 45% des cas, les maîtres d’ouvrages cherchent à adapter leur projet pour en réduire les coûts et 22% mettent leur projet en veille, voire l’abandonnent. » Seul un tiers des projets sont donc réalisés tels que prévus initialement et ce, en dépit des surcoûts.
Arrêts de chantiers
Les architectes ont par ailleurs pu constater ce qu’Olivier Salleron, le patron de la FFB avait prédit en mars dernier : «des blocages de chantiers». Quelle que soit la taille des ouvrages en construction, « 55% des répondants déclarent que leurs chantiers ont 10 à 30% de retard par rapport aux délais prévus, et 20% d’entre eux déclarent un retard de plus de 30%, voire un arrêt des chantiers », souligne ainsi la note du Cnoa.
Cette situation a entraîné des difficultés de planning et obligé à des renégociations d’honoraires. Ce qui amène aujourd'hui 52% des sondés à déplorer une tension nouvelle dans leurs relations avec leurs maîtres d’ouvrage.
