A Villers-Cotterêts (Aisne), les différents bâtiments qui forment le château sont encore dissimulés sous 1 500 t d'échafaudages bâchés. Seules les façades remises à neuf de l'ancienne maison de retraite et du logis royal suggèrent la progression du gigantesque chantier lancé par le Centre des monuments nationaux fin 2020 pour y abriter la future Cité inter nationale de la langue française.
L'opération globale permettra de restaurer, outre le logis royal, le jeu de paume, les ailes de la cour des offices, des cuisines et du séchoir.
Construit entre 1530 et 1556, l'édifice prend place sur les fondations d'un ancien château médiéval. « Si celles-ci sont d'excellente qualité, d'autres, plus récentes, ne descendaient qu'à 1,50 m de profondeur et n'offraient pas la portance suffisante », commente Olivier Weets, architecte en chef des monuments historiques, maître d'œuvre de l'opération. Pour stabiliser les différents ouvrages, les compagnons ont donc commencé par des reprises en sous-œuvre en jet grouting.
Travail en quinconce. Ce n'est qu'après cette étape que les aménagements précédents, notamment réalisés pour l'ancienne maison de retraite (chambres, salles de bains, réseaux…), ont pu être évacués. « La plupart des planchers ne pouvaient supporter les charges de la muséographie fixées à 500 kg/m2 , d'où leur remplacement quasi total », reprend Olivier Weets. Ces travaux, qui s'achèvent en ce mois de mai, ont nécessité une planification rigoureuse pour travailler en quinconce et éviter de créer des vides complets sur une travée. Cette délicate étape a justifié la mise en place préalable de cadres et de butons pour préserver les volumes d'origine.
Les façades maçonnées constituaient le dernier point à traiter. Si elles étaient de bonne facture à l'origine, les maçonneries avaient été trop fragilisées par les multiples percements et rebouchages opérés au fil des années. En fonction des zones, elles ont été consolidées ou remplacées au moyen de 600 m3 de pierre de taille. En meilleur état, la charpente a été en grande partie conservée, sauf dans sa partie basse, où là aussi des reprises ont été nécessaires. « Au plus fort du chantier, 400 compagnons s'y sont côtoyés de manière concomitante alors que les étapes de restauration sont normalement consécutives », souligne Xavier Bailly, administrateur du château.
L'ensemble de ces travaux devait tenir compte de la création à venir d'une verrière de 600 m² qui coiffera la cour du jeu de paume. Cet ouvrage autostable prendra appui à 11 m de hauteur pour respecter le rythme des façades et sera fixé sur des renforts intégrés aux murs qui viennent d'être réceptionnés. Elément emblématique du nouveau lieu, il se caractérisera par ses fins profils d'acier et ses vitrages cintrés. Sa construction commencera mi-juillet pour s'achever quatre mois plus tard. La livraison de la Cité internationale de la langue française doit intervenir début 2023.