A l'entrée du faubourg d'Orgelet (Jura), un ancien couvent de capucins du XVIIIe siècle se dissimule derrière une façade à l'apparence anodine. Une fois la porte des lieux franchie, seuls les vestiges de l'ancienne chapelle rappellent le passé de l'édifice. Il est formé de deux corps de bâtiment disposés en « L » - la chapelle et les cellules des moines - ces dernières ayant été transformées en lieu d'habitation au XIXe siècle en abandonnant tout lien entre les deux entités.
A la manœuvre depuis 2022, Atelier Archiplein s'est notamment vu confier la mission de rétablir la communication entre les deux ailes et d'assurer la transformation du rez-de- chaussée de l'aile des moines en résidence d'artistes. « La réouverture d'un ancien passage et la création de percements intérieurs ont permis aux espaces de retrouver de la fluidité », explique Francis Jacquier, associé et fondateur de l'agence d'architecture suisse. Ainsi, l'angle de la bâtisse accueille désormais une cuisine et un salon tandis que la porte d'accès historique a été restituée. De même a été ménagée, dans ladite cuisine et dans l'axe de l'autre aile, une grande baie vitrée encadrée de pierre massive qui assure la jonction visuelle entre les corps de bâtiment.

Panachage de nuances. A l'extérieur, prennent place une cour pavée (au sud) et un vaste jardin à la française (au nord). « Le couvent semblait tourner le dos à ce dernier », observe Francis Jacquier. Afin de remettre en relation l'édifice, sa cour et son jardin, les architectes ont, là encore, réalisé un percement côté cour - une grande baie vitrée - qui laisse apercevoir l'intérieur du bâtiment. « Cette fenêtre monumentale, hors d'échelle, apparaît comme un grand tableau, dans une mise en scène quasi muséale », estime encore l'architecte. Des miroirs disposés dans les pièces du rez-de- chaussée viennent « brouiller les perspectives », refléter les espaces extérieurs, et entretenir la confusion en donnant l'impression d'être, eux-mêmes, des ouvertures.
Pour relier l'édifice à son jardin, ainsi qu'au paysage, une imposante galerie de 35 m de longueur a été adossée à sa façade nord. Afin d'assurer ici une cohérence entre bâti ancien et intervention contemporaine, les architectes ont opté pour l'utilisation de la pierre d'origine, celle d'Hauteville Bayadère, un minéral aux teintes jaune et bleue, en provenance de carrières locales. Utilisée en bloc massif, brut de sciage, elle laisse apparaître un délicat panachage de nuances jaune et gris-bleu à l'écriture très contemporaine.
Quant au pavage mosaïque noir et beige, pivoté à 45°, dans le couloir du rez-de-chaussée, il a, par sa disposition géométrique singulière, servi de « motif signature » aux architectes. Ces derniers l'ont ainsi repris pour disposer à l'identique les meneaux centraux des fenêtres monumentales, de même que les piliers qui soutiennent la galerie extérieure et le barreaudage de son garde-corps. Enfin, l'angle de ladite galerie s'adoucit en un quart de cercle pour dialoguer paisiblement avec le jardin à la française qu'elle surplombe.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : privée.
Maîtrise d'œuvre : Atelier Archiplein (architecte mandataire), Atelier Zou (Moex). BET : BER+a (structure).
Principales entreprises : TLM du Revermont (maçonnerie), Baticharpente (charpente, couverture), MB Aménagement (menuiserie), Ekinox (métallerie).
Surface : 600 m² SP.
Coût des travaux : 900 000 euros HT.