Patrimoine : le lifting des arènes de Nîmes continue

La Ville est à mi-parcours d'un programme de vingt ans de travaux pour protéger le monument des infiltrations d'eau.

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L’étanchéité sous les gradins tout comme les caniveaux en inox permettront à l’eau de pluie de circuler sans s’infiltrer.

Erigées au Ier siècle de notre ère, les arènes de Nîmes (Gard) sont fragilisées par les infiltrations d'eau qui ont causé éclatements, fissurations et écaillements des pierres. L'amphithéâtre fait donc l'objet depuis dix ans d'une restauration en site occupé qui a déjà concerné 29 de ses 60 travées. Long de 133 m, large de 100 m et haut de 21 m, l'ouvrage vient de connaître une troisième phase de travaux. Elle a permis de traiter sa « couronne », c'est-à-dire sa partie supérieure, en particulier dans la zone nord, la plus exposée. D'autres phases sont prévues et devraient permettre d'achever la cure de jouvence en 2034.

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Dans l'esprit de la charte de Venise qui demande de garder les traces du passage du temps, la Ville et l'architecte en chef des monuments historiques Michel Goutal ont établi un programme consistant à restaurer les pierres les plus abîmées et à ne remplacer que celles qui compromettent l'équilibre de l'édifice. Le tout sous l'œil vigilant de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) qui assure le suivi scientifique du chantier et de celui de la direction régionale des affaires culturelles (Drac) qui valide chaque intervention.

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Compresses à base d'algues. Après la consolidation des parements grâce à l'injection de mortier pour colmater les entrées d'eau et la mise en place de goujons métalliques ou en fibre de verre par les compagnons de l'Atelier Jean-Loup Bouvier, ceux de Sèle ont pris le relais. Ils commencent par réaliser un nettoyage soigneux de la pierre sans attaquer son épiderme grâce à trois techniques : nébulisation des surfaces pour ramollir la croûte noire, application de compresses à base d'algues imprégnées d'agents actifs puis microgommage. « Ensuite, en fonction de l'état du matériau, nous optons pour l'une de ces solutions : soit le remplacement complet du bloc, soit le recollement d'éléments au moyen de résine époxy injectée dans des tiges en inox, ou encore une greffe. Dans ce dernier cas, nous taillons en atelier la forme exacte de la partie altérée, puis nous la posons en parement en laissant apparent un décalage d'un centimètre d'épaisseur. Nous aplanissons le tout après le coulage de chaux liquide qui remplit les vides et bloque la greffe », détaille William Margallé, directeur d'exploitation chez Sèle.

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Si l'intervention est minimaliste sur les façades extérieures, elle est plus lourde à l'intérieur de l'enceinte. Sur la couronne, où 10 % des gradins originels ont disparu, les tailleurs de pierre ont reconstitué les éléments manquants à partir de blocs neufs issus de la carrière voisine de Barutel.

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Leurs mensurations sont impressionnantes : jusqu'à 3,50 m de long, 80 cm de haut et 1 m de large. Prétaillés en atelier pour ne pas dépasser les 10 t, ils arrivent par camion, sont levés par une grue puis retaillés précisément dans leur emplacement final.

Des feuilles de plomb sur les parties horizontales. Mobilisé depuis 2017, le groupement conduit par Sèle a terminé la restauration des 25 travées qui lui incombaient. Cette tâche comprenait également la protection par feuilles de plomb des parties horizontales et des chéneaux, la pose de descentes en inox pour recueillir l'eau depuis le haut des gradins, ainsi que celle des caniveaux dans le sol des galeries. L'an dernier, le groupement s'est vu confier un nouveau marché triennal de sécurisation visant cette fois à refixer les pierres fendues menaçant de tomber et à consolider les maçonneries en moellons.

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Ville de Nîmes.

Maîtrise d'œuvre : agence Goutal (architecte mandataire), Equilibre Structures (BET), cabinet Asselin (économiste).

Suivi scientifique : Inrap.

Entreprises : Sèle, Atelier Jean-Loup Bouvier, Atelier Anaglyphe, Hussor Erecta, Geopat (restauration de pierres antiques, maçonnerie, fourniture pierres de taille, sécurisation) ; Bourgeois, Métal Forme & Tradition (couverture), Sur Mesure Métallique (serrurerie, ferronnerie).

Calendrier : 2014-2034.

Coût : 54 M€ HT ; subventions de l'Etat, de la région Occitanie, du département du Gard et de la Fondation internationale pour les monuments antiques de Nîmes.

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