En attendant les travaux colossaux de Port 2000, le littoral havrais s'équipe d'un bassin de stockage d'eaux usées, au bord de l'eau. En effet, le réseau de collecte des eaux du Havre étant encore unitaire, il est sujet à saturation en cas de fortes pluies. Les effluents sont alors rejetés directement en mer sans être traités !
Le nouvel ouvrage permettra donc de disposer d'un volume tampon afin d'épurer toutes les eaux avant rejet. Il est constitué d'un bassin d'une capacité totale de 50 000 m3, sur lequel se raccordent les différents collecteurs de l'agglomération. Les travaux sont assortis de l'édification d'une nouvelle cale de mise à l'eau des dériveurs et des navires de plaisance, le bassin étant réalisé dans l'anse des Régates, c'est-à-dire dans le port de plaisance lui-même.
L'anse présente une forme trapézoïdale de 120 m de long, et une largeur variant de 70 à 90 m. A l'origine, des quais en maçonnerie de moellons et parements de pierre ceinturaient le bassin ; des ouvrages fondés sur un soubassement en gros béton, retenu par deux rideaux de pieux et de planches en bois. Le chantier a démarré par la fermeture du bassin par un rideau de palplanches, et son remblaiement avec des sables, sur une hauteur de 9,50 m, entre le quai et la digue existante ; la cale de mise à l'eau s'est ainsi trouvée enterrée. Simultanément, un cavalier a été construit avec des terrains crayeux, sur un trapèze de 15 m de large, à l'intérieur d'un batardeau, au milieu de la « parcelle ».
Des travaux tributaires des marées
« Les terrains ont été compactés et vibrofoncés, selon un certain maillage, explique Christian Le Monze, chef du service travaux d'Intrafor. La grande spécificité des travaux est relative au site : la marée continuait d'entrer dans le volume du bassin, avec des hauteurs de marnage oscillant entre 6 et 7 m. Cela signifie que la digue est complètement perméable, car fondée sur des galets et des pieux en bois ! En partie basse, nous avons par conséquent effectué un compactage hydraulique. »
Stabiliser le terrain
Avant la construction du bassin proprement dit, et en raison de la proximité du rideau de palplanches, dix-huit barrettes rayonnantes (perpendiculaires au futur bassin) ont été construites en graves-ciment, sur 15 m de profondeur (section : 2,70 1 m), afin d'assurer la stabilité des terrains.
« Nous avons aussi eu recours, ponctuellement, à des injections dans les terrains en place, ainsi qu'à des confortements pour annuler l'effet des marées, poursuit Christian Le Monze. La totalité du linéaire du cylindre a ensuite été injectée : 1 000 m de perforation, pour 1 500 m3 de coulis, avec pour objectif d'empêcher les fuites de bentonite à l'excavation. »
Un muret de guidage a alors été bétonné sur le périmètre circulaire du bassin, dont le diamètre mesure 56 m. La paroi moulée a enfin été réalisée, par panneaux de 82 cm d'épaisseur et 6,51 m de large, ferraillés sur toute leur hauteur (43 m). Chacun d'entre eux représente un volume de 270 m3, rempli par un béton B35 prise mer. Ils sont séparés par des joints waterstop mis en place sur 36 m de haut, à l'intérieur d'une palplanche provisoire.
« La principale difficulté tenait à la forme circulaire du bassin, ce qui exigeait une attention particulière aux jonctions des panneaux et à la verticalité - qui est mesurée en permanence à l'excavation (jusqu'à 23 m de profondeur) -, conclut Christian Le Monze. La tolérance n'était que de 0,5 % ! » L'ouvrage a, en dernier lieu, été doublé par un contre-voile en béton d'épaisseur variable (40 à 80 cm), puis couvert par une dalle reposant sur des poteaux bétonnés à l'intérieur du bassin. La contrainte de débit résiduel a été respectée : 1 m3/h en fond de fouille.
FICHE TECHNIQUE
Maîtrise d'ouvrage : ville du Havre.
Maîtrise d'oeuvre : Coyne et Bellier, Sol Essais Etudes, port autonome du Havre.
Entreprise : Intrafor (sous-traitant de Quille).
Marché : 15,6 millions de francs.
Le chantier en chiffres
La paroi
27 panneaux de paroi moulée.
Linéaire de paroi moulée : 178 m.
Surface forée : 7 400 m2.
Surface bétonnée : 7 050 m2.
Volume théorique excavé : 6 068 m3.
Volume réel de béton 6 700 m3.
Poids d'acier : 373 t.
Les matériels
2 grues de forage.
2 grues de manutention (50 et 100 t).
500 m3 de stockage de boue.
2 unités de dessablage
PHOTOS
1. Le bassin de 56 m de diamètre offre un volume de stockage de 50 000 m3. Sa paroi périmétrale se compose d'une paroi moulée de 82 cm d'épaisseur, et d'un contrevoile en béton de 40 à 80 cm d'épaisseur.
2. Des palplanches de 36 m ont été mises en place entre les panneaux de paroi, pour y placer les joints waterstop.
3. Des poteaux de 23 m de haut sont bétonnés sur le radier pour porter la future dalle de couverture du cylindre.