Un territoire inspirant et un ouvrage hybride ont motivé les architectes Stéphanie Bru et Alexandre Theriot, pour la construction du parking des Fabriques à Marseille.
Dans un secteur en plein renouvellement urbain au sein de l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, au nord de la cité phocéenne, le bâtiment de 38 000 m² SDP remplira trois fonctions, lors de sa livraison en 2024 sur six niveaux : le stationnement avec 950 places réparties sur quatre niveaux ; le commerce avec un hypermarché Lidl de 2 000 m2 de surface de vente environ au rez-de-chausée ; le sport et le loisir au dernier niveau augmenté d’une mezzanine, avec un centre Sandspot de 8 500 m2.
Le parking-silo se trouvera en frange nord de l'opération d'intérêt national Euroméditerranée. Il donnera sur le boulevard Cap Pinède au nord et la rue de Lyon à l'est. La mer est à l'ouest.
D’abord le stationnement
« Le projet résulte d’un appel à manifestation d’intérêt d’Euroméditerranée pour créer un nouveau morceau de ville dans un secteur constitué principalement de hangars partiellement occupés et du marché aux puces qui attire 50 000 visiteurs chaque semaine. Les jours de marché, il est impossible d’entrer dans le quartier ou de se garer. L’enjeu numéro un était donc de répondre à la problématique du stationnement.
Ensuite, il fallait relocaliser le Lidl déjà existant», raconte Santiago Evangelista, directeur régional de Bouygues Immobilier Commerce, entité qui gèrera les commerces et activités du futur quartier de 14 hectares aménagé par la société de projet XXL Marseille (Bouygues Immobilier et Linkcity).
Pour s’assurer de la pérennité de l’ensemble à l’issue du chantier, Bouygues immobilier, qui porte l’investissement, a pris le parti de céder le parking et les commerces à un seul propriétaire. Les inventeurs du concept SandSpot seront ses locataires.
Réversibilité
Outre la multiplicité des fonctions, le cahier des charges comprenait la notion de réversibilité. Une structure en béton de six niveaux apporte la réponse technique : les paliers intermédiaires « fusibles » pourront facilement être supprimés lors d’une éventuelle reconversion.
En partie centrale, le parking se composera de deux duplex de 5,80 m de haut dans lesquels s’intercalera une dalle intermédiaire à 2,90 m. « Ce travail d’optimisation a permis de condenser la largeur du parking de 31 m à 25 m pour le même nombre de places. La compacité ramène le bâtiment vers des dimensions standard de bureaux ou de logements», précise l’architecte Stéphanie Bru de l’agence Bruther.
Autre vertu de la sobriété foncière : « La lumière naturelle arrive au centre grâce à la diminution de l’épaisseur du bâtiment. Ensuite, la question de savoir de quoi nous avions réellement besoin nous a conduits à étudier comment économiser la matière. Au final, nous proposons un bâtiment le plus dénudé possible, formé d’un empilement de plateaux et d’une série de garde-corps», poursuit Alexandre Theriot, architecte associé.
Jeux topographiques
Enfin, la compacité évitera d’écraser le marché aux puces situé au sud en contrebas, compte-tenu d’un dénivelé d’environ 4 mètres. La topographie explique le double aspect des niveaux en infrastructures (un enterré, un semi-enterré) et en rez-de-chaussée (un haut et un bas).
Depuis le parvis du marché aux puces, le chaland pourra accéder par un escalator au rez-de-chaussée haut correspondant au niveau du boulevard Cap Pinède, au nord, où se trouve l’entrée du Lidl. Toujours depuis l’esplanade, il pourra entrer dans un ascenseur qui le montera directement au centre SandSpot, abrité dans une grande boîte translucide de 15 m de haut qui suit la trame des niveaux inférieurs.
Belvédère
La large rampe réservée aux voitures se déploie sur la façade sud du parking silo donnant sur le parvis du marché aux puces.
De loin, deux signes distinctifs attireront les regards : l’ombrière qui abritera la grande étendue de sable se déployant sur toute la toiture, et le mur d’escalade de 16 m de haut sur le côté ouest face à la mer.
La rampe de desserte des quatre niveaux de parking se déploiera en continu sur la façade sud, pour former un autre élément remarquable, tout comme les deux larges corniches : celle au R + 5 marquera l’entrée du SandSpot, tandis que dans le prolongement du rez-de-chaussée haut, la seconde formera un belvédère au-dessus du parvis du marché aux puces.
En frange du futur écoquartier des Fabriques, en interface entre le boulevard Cap-Pinède, au nord, et la place du Marché aux puces, au sud, l’ouvrage se verra de loin. Depuis la toiture, les adeptes du beach-volley ou d’autres sports liés aux sable bénéficieront d’une vue à 360° sur le grand paysage marseillais.
Rayonnement
« Ce n’est pas un ovni mais son architecture industrielle et « différenciante » n’a pas été choisie par hasard. Cela renvoie au concept même des Fabriques dont l’enjeu est de réussir la mutation d’un quartier caractérisé par de grandes difficultés sociales, tout en conservant sa vocation économique.
L’ouvrage doit aussi inciter des personnes venues de l’extérieur à profiter de la large palette d’activités proposées par SandSpot : de la piscine aux activités sportives en lien avec le sable en passant par les expositions et les projections de cinéma assis dans un transat », explique Santiago Evangelista.
