Paris : démarche concertative pour la rénovation d'une HBM

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Pendant un an, les architectes ont rencontré les locataires afin de réaliser des relevés de leur logement et de dessiner l'intégralité du mobilier. Ils ont aussi pris des photos de chaque pièce.

Lauréats d'un dialogue compétitif pour Paris Habitat, Xavier Brunnquell et Axel André mènent actuellement le chantier de réhabilitation d'une HBM, rue Sthrau (XIIIe), avec l'entreprise Genere. Les beaux bâtiments en briques construits entre 1913 et 1923 étaient, à l'origine, dépourvus de salles de bains mais avaient été réhabilités en 1986. Les 116 appartements de 33 m2 en moyenne présentent des pièces exiguës, dotées de sous-espaces séparés par une cloison d'1,80 m de haut, et souffrent de problèmes de ventilation. « Il nous faut au minimum 40 % de vacance pour démarrer une opération tiroir dans de bonnes conditions. Nous avons donc gelé les attributions et accéléré les demandes de mutation, puis rencontré les locataires et mis en place des plans de relogement pour libérer les appartements de cages d'escalier entières vers des cages relais », explique Hélène Schwoerer, directrice générale adjointe en charge de la maîtrise d'ouvrage et du développement chez Paris Habitat.

Typologies singulières. De leur côté, les architectes ont proposé au bailleur social de délocaliser leur agence au rez-de-chaussée de l'HBM pendant un an afin d'être les plus souples possible pour rencontrer la population composée d'une majorité de personnes seules et âgées. L'équipe a ainsi réalisé des relevés logement par logement, dessiné l'intégralité du mobilier et pris quatre photos par pièce. Elle a alors réussi à saisir la manière dont chaque locataire s'était emparé des lieux et à trouver des solutions adaptées à ces typologies singulières.

A l'issue du diagnostic technique et social, Xavier Brunnquell et Axel André ont recommandé un socle de travaux pour améliorer les performances thermiques de l'enveloppe et organiser de manière rationnelle la refonte des réseaux. Les surfaces vitrées étant importantes, ils ont préconisé l'installation de nouvelles fenêtres en bois munies de stores, une correction thermique de 7 cm de laine de bois côté intérieur et une ventilation mécanique contrôlée. Leur projet comprend aussi l'extension des salles de bains sous forme d'oriels abritant les douches, en façade sur les cours ouvertes. Au rez-de-chaussée, l'agence a convaincu le bailleur de créer des espaces communs, dont une laverie, à la place de deux logements mal positionnés. Les cours ont commencé à être en partie déminéralisées et généreusement plantées.

L'aménagement des appartements est quant à lui variable. Les architectes ont soumis à chaque habitant trois positionnements pour la nouvelle cloison en visualisant les options dessinées avec leur mobilier personnel. A la suite de la proposition d'un locataire, ils leur ont laissé la possibilité de la vitrer grâce au réemploi des fenêtres déposées. « Nous avons décalé certains budgets pour gagner en qualité », explique Xavier Brunnquell. Ainsi, les économies réalisées par la conservation des cabines d'ascenseur permettent d'absorber le surcoût d'un sol en linoléum à l'échelle de l'immeuble. La livraison est prévue pour février 2026 avec un budget de 108 000 euros TDC par logement. « La ville ne se fait plus sur des territoires vierges mais habités. Notre métier d'architecte va donc interroger l'anthropologie… », apprécie Xavier Brunnquell.

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