Le Conseil général des ponts et chaussées vient de rendre au ministère de l'Environnement une étude faisant l'inventaire du patrimoine bâti propriété des parcs nationaux. Un patrimoine de 247 bâtiments, parfois construits dans les années 70, parfois plus anciens, et qui demandent des travaux d'entretien. Or, estime le rapport présenté par Robert-Max Antoni, inspecteur général, « les crédits consacrés au seul entretien des bâtiments gérés par les parcs nationaux se révèlent insuffisants pour assurer leur conservation ».
Yves Brugières, de la mission de développement local du parc national de la Vanoise, concède qu'une faible proportion de bâtiments appartenant au parc présentent un intérêt architectural. Il ajoute : « Il faudrait surtout se soucier de restaurer les refuges qui nécessitent une remise aux normes. Sur une dizaine d'entre eux, il y aurait des interventions urgentes à réaliser. » Le budget de la Vanoise réserve 1 million de francs par an à l'entretien de son patrimoine propre.
Une mise en valeur du savoir-faire traditionnel
Pour sa part, Jean-Louis Cony, Chef du service aménagement du parc du Mercantour, explique : « Toujours d'un même montant depuis cinq ans, en réalité, notre budget d'investissement baisse ». A Nice, l'hôtel particulier qui abrite le siège du parc du Mercantour aurait besoin d'une restauration complète. Or, faute de moyens, on se contente, depuis quelques années, d'interventions d'urgence. La première tranche d'une réhabilitation est en cours, tandis que la deuxième tranche qui doit démarrer en février 1998 a été revue à la baisse.
En fait, les parcs nationaux peinent à entretenir leurs bâtiments. En revanche, leur participation à la restauration du patrimoine privé - aide au montage de dossier comme au financement - permet d'ouvrir des droits à des subventions pour les particuliers et les communes.
Le parc de la Vanoise consacre 600 000 francs au soutien de la politique architecturale pour le patrimoine privé et 400 000 francs à des actions liées à l'aménagement de sites.
« Nous essayons de faire un inventaire du patrimoine traditionnel du parc. On peut aujourd'hui parler d'environ cent bâtiments très intéressants (granges, chapelles, fours). Des bâtisses d'une grande simplicité, témoins des différentes manières d'habiter les alpages », explique Yves Brugières. A travers la restauration du chalet d'alpage de Ritort et de trois chapelles à Termignon, le parc veut démontrer aux architectes, aussi bien qu'aux élus et aux artisans, qu'en respectant les systèmes de construction à l'ancienne on peut arriver à des résultats économiques et respectueux des normes. Le chalet de Ritort (coût d'opération : 600 000 francs) a été réceptionné le 7 août, les trois chapelles de Termignon (coût d'opération : 510 000 francs) le seront en septembre. Les communes, ici maîtres d'ouvrage, financent 40 % de l'opération, et le parc national apporte le complément.
Des programmes d'aménagement
Le parc du Mercantour s'investit dans la réhabilitation d'un patrimoine modeste, souvent dans le cadre du contrat de Plan Etat-région. Le montage du financement se répartit de la manière suivante : 40 % pour le parc, 40 % pour la région et le reste pour le maître d'ouvrage. Le Mercantour travaille avec le Club alpin français à la réhabilitation de refuges qui datent du début de ce siècle ou, parfois, de la fin du siècle dernier. La réhabilitation d'un refuge coûte entre 4 et 5 millions de francs. Les chantiers approvisionnés par héliportage se déroulent sur une période courte à cause du climat.
Pour sa part, le parc des Cévennes a choisi de payer aux agriculteurs le surcoût engendré par l'utilisation de techniques traditionnelles de restauration.
L'intervention des différents parcs nationaux ne se limite toutefois pas au bâti traditionnel. Ils définissent des programmes d'aménagement qui doivent être approuvés par leur conseil d'administration. Le programme du parc des Cévennes s'échelonne de 1994 à 1997. Il recense les principales interventions (voir encadré) sur la zone centrale et la zone périphérique qui associent collectivités locales et représentants de l'Etat.
Ainsi, la direction départementale de l'équipement de Lozère profite-t-elle des conseils des techniciens du parc pour l'intégration paysagère de la RN106 (Transcévenole), qui traverse le parc des Cévennes.
Le parc de la Vanoise établit son nouveau programme d'aménagement qui s'échelonnera de 1998 à 2003. En prévision : la création d'une Maison de la Vanoise à Termignon dans deux ou trois ans ; et, peut-être, l'aménagement d'un délaissé de route, avec point de vue, au col du Liseron.
Un impact dans l'économie locale
Certes, les parcs apportent une compétence technique pour monter des projets de restauration ou de développement économique, mais leur intervention peut être perçue comme contraignante, portée par un nombre limité de communes qui conçoivent l'intervention financière de l'Etat comme un dû, alors qu'il s'agit plutôt d'un partenariat. Pourtant, l'existence du parc semble bénéfique. Ainsi, les Cévennes ont su tirer leur épingle du jeu. Dans la zone centrale du parc, la population a progressé de 400 à 600 personnes de 1970 à 1995. Si le nombre d'exploitations agricoles a diminué de 45 % en vingt ans en Lozère, à l'intérieur du parc la réduction n'a été que de 23 % - on recense aujourd'hui 82 exploitations agricoles en zone centrale. Le parc procure également 65 emplois permanents et 20 emplois saisonniers, et ses budgets d'équipement et de fonctionnement profitent à l'économie locale. Parallèlement, de 1983 à 1995, la fréquentation touristique a doublé tous les six ans. On estime la fréquentation à 800 000 visiteurs par an, dont 25 % viennent pour le parc.
PHOTO : Confortement du pignon de la chapelle Saint-Jacques à Termignon. Le parc de la Vanoise veut démontrer qu'en respectant les systèmes de construction à l'ancienne, on peut arriver à des résultats économiques et respectueux des normes.
PHOTO : Le Mercantour travaille à la réhabilitation de refuges . Coût : entre 4 et 5 millions de francs par opération. Ici le refuge de la Cayolle.
PHOTO : A Port-Cros, une partie du fort de l'Eminence sera concédée à une association de loisirs qui en contrepartie, engagera des travaux.