Ouvrages olympiques [Ep5] : à VTT, de vrais frissons sur la fausse colline

Un massif constitué par l’accumulation de remblais de chantiers, à Elancourt (Yvelines) a été aménagé pour semer d’embûches le parcours des athlètes tout terrain. L’intervention a été menée avec délicatesse. Au-delà des deux jours de compétition olympique, le site doit surtout devenir à terme un grand parc sportif et maintenir un délicat équilibre naturel favorable à la biodiversité.
 

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La colline d'Elancourt en avril dernier, une réserve de biodiversité... et de pièges pour athlètes engagés dans les épreuves de VTT de Paris 2024.

Des virages en épingle à cheveux, des troncs et des pierres disposés pour accidenter le parcours plus qu’il ne l’est déjà et des tremplins de saut à donner le vertige rien qu’à les regarder. Sur le flanc ouest de la colline d’Elancourt, sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines, tous les obstacles sont en place pour que les champions internationaux du vélo tout-terrain s’affrontent les 28 et 29 juillet prochains à l'occasion des Jeux de Paris 2024. Pour la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo), les paysagistes de l’agence D’ici là ont donc modelé une piste propice aux grands frissons. Toutefois, le projet n’est pas parti de rien, pas plus qu’il n’a été pensé pour le seul temps de deux épreuves de moutain bike.

Ce site des Yvelines qui, avec ses 231 mètres, apparaît comme le point culminant d’Ile-de-France, n’existait pas il y a encore quelques décennies. Mais cette ancienne carrière à ciel ouvert a été comblée par des remblais de chantiers jusqu’à former, vers la fin de années 1970, la colline actuelle. «La ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines a nappé les lieux de terre végétale et tout cela s’est en enfriché un peu naturellement», explique Vivien Corre en charge des projets d’espaces publics à la Solidéo.

Lieu de promenade

Tandis que les fourrés, les arbustes et des arbres colonisaient le site, la population alentour s’en emparait aussi pour en faire un lieu de promenade. Surtout les adeptes de VTT l’utilisaient déjà spontanément. L’opportunité des Jeux olympiques a donc permis de transformer les chemins creux de fortune en une véritable piste de compétition de 4 km. Les travaux lancés début 2023 ont également permis de préparer les postes d’observation des 15 000 spectateurs qui sont attendus chacun des deux jours d’épreuves. Quelques mois plus tard, en septembre dernier, un test grandeur nature a été organisé pour vérifier la pertinence du tracé et ensuite permettre de mettre la dernière touche au parcours. En avril prochain, la piste de la colline d’Elancourt sera remise officiellement au comité Paris 2024.

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Colline d'Elancourt - VTT - Paris 2024 Colline d'Elancourt - VTT - Paris 2024 (Drone Press/Drone Press)

Par la suite, ce site de 52 ha, donc aussi vaste que le Village des athlètes construit sur trois communes de Seine-Saint-Denis, sera définitivement transformé en grand parc sportif. Au printemps 2025, dans sa composition finale, il sera sillonné par 9 km de pistes de VTT, de niveaux différents, et 12 km de promenade piétonne. Au pied du promontoire, une piste de pumptrack, soit une boucle de VTT tout en bosses et en virages, complètera le dispositif.

Fouillis végétal

La colline n’en perdra pas pour autant son aspect sauvage, avec son fouillis végétal. Le programme paysager du projet ne vise en effet en aucun cas à policer les lieux. «Notre objectif n’était pas de procéder à des travaux lourds mais de faire mieux avec l’existant. Les Jeux sont devenus un prétexte pour mieux gérer le développement de la colline», explique la paysagiste Claire Trapenard, associée cofondatrice de D’ici là. Vivien Corre renchérit : «nous voulions favoriser une mosaïque de milieux, et ce au profit de la biodiversité.»

Difficile d’imaginer le soin méticuleux dont ont bénéficié les broussailles environnantes. Le travail a commencé par un état des lieux - plus de 380 espèces ont été inventoriées, dont 255 espèces végétales et 125 animales - puis a consisté à délimiter des espaces ouverts et fermés. Ainsi les milieux plus sensibles, comme 2,69 ha de zones humides, ont été sanctuarisés. «Pour faire respirer les parties les plus denses, on a pratiqué des tailles», poursuit Claire Trapenard, notamment pour créer des lisières amples les long des parcours et alléger ainsi l'atmosphère pour les visiteurs.

Si les plantations ont été assez peu nombreuses, il a fallu mettre en place des moyens de lutter contre la prolifération de spécimens envahissants comme les tenaces Renouées du Japon ou robiniers. A l’inverse, tout a été mis en œuvre pour préserver les délicates fleurs mauves de l’orobranche pourprée, une espèce rare et protégée.

Les acteurs du projet

Maîtrise d’ouvrage : Solidéo.
Maîtrise d’œuvre : D’Ici là paysagiste (paysagiste mandataire),  Egis (cotraitant, BET VRD), Atelier d’écologie Urbaine (cotraitant BE écologie et dépollution), BikeSolutions (cotraitant BE spécialiste VTT
Principales entreprises : travaux préparatoires : Marcel Villette / Urban Elag ; VRD et piste VTT : Watelet (mandataire) / Eurovia et Flan Terrassements (cotraitants) ; plantations et mobiliers : Terideal (mandataire) / Éden Vert.

 

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