Depuis quelques années, la plupart des records dans la construction proviennent de Chine ou des Etats de la péninsule arabique. Le dernier projet ne fait pas exception et c’est le leader mondial Vinci qui va en assurer la conception-construction. Yves-Thibault de Silguy, son président, vient de signer le contrat avec les autorités locales.
Si pour 3 milliards de dollars (soit 1,94 milliard d’euros) le contrat est exceptionnel, c’est que le projet l’est aussi. Sur une longueur totale de 40 km, le futur lien autoroutier de deux fois deux voies mettra Bahrein à une demi-heure du Qatar, alors qu’il faut actuellement cinq heures pour parcourir la distance via l’Arabie Saoudite, reliée à l’île-royaume par un lien fixe de 25 km depuis 1985. L’ouvrage hybride sera composé de trois types de sections se succédant selon la hauteur des fonds marins : sur les zones de haut-fond, six sections de digues remblayées constitueront un total de 18 km. En eau plus profonde, cinq viaducs à tabliers séparés – 10 km pour le plus grand – présenteront des travées isostatiques de 13 mètres de large et de 80 mètres de portée en moyenne. Ils viendront s’ancrer dans le golfe de Bahrein par l’intermédiaire de 500 monopieux. Ce linéaire impressionnant de 22 km inclura deux ponts haubanés de 400 mètres de portée chacun, véritables « respirations» rompant la monotonie des sections courantes. Des chenaux aménagés sous ceux-ci, de 160 mètres de large et de 13 mètres de profondeur, offriront le gabarit nécessaire au passage de navires de fort tonnage.
Exceptionnel par ses dimensions, l’ouvrage le sera aussi par sa mise en œuvre. La livraison prévue en 2013 impose un planning nécessairement très serré. Ainsi, après 9 mois d’études, les 51 mois de chantier mobiliseront jusqu’à 6 000 compagnons au plus fort de l’activité. « Pour faciliter et accélérer la mise en œuvre, nous allons préfabriquer le maximum d’éléments », explique Yanick Garillon, responsable de la région Golfe pour Vinci Construction Grands Projets. Ainsi deux usines de préfabrication, l’une au Qatar, l’autre à Bahrein, préfabriqueront à proximité du chantier les éléments de tablier de 80 mètres de long et de 13 mètres de large. Ces derniers seront alors acheminés sur site par des convois maritimes puis positionnés sur les piles à partir de grues sur barges. « Les éléments de tablier sont dimensionnés pour avoir une masse inférieure à 2 000 tonnes, précise Yanick Garillon. Au-delà, leur mise en place nécessiterait en effet l’utilisation d’une grue sur barge exceptionnellement puissante, qui n’existe qu’à très peu d’exemplaires dans le monde ». C’est donc pour soulager les bigues que les tabliers sont indépendants. « Notre objectif est de poser un élément de tablier de 80 mètres par jour », conclut Yanick Garillon.
En option, et parallèlement à la phase d’études, Vinci étudiera la possibilité d’établir une liaison ferroviaire parallèle au tracé du projet. Ceci dans un contexte régional où les projets d’infrastructures se multiplient, notamment grâce à la montée du cours du pétrole. Selon Yanick Garillon, ils représentent un potentiel de 10 milliards de dollars. Le groupe Vinci, implanté depuis dix ans dans la région, compte donc bien y rester. Avec en perspective proche des projets de ports et de tunnels.
