Depuis son ouverture au public en juin dernier, son succès auprès des cyclistes et des piétons ne se dément pas. A Toulouse (Haute-Garonne), la passerelle Robert-Poujade crée une nouvelle liaison entre, à l'ouest, le quartier du Fer-à-Cheval et, entre les deux bras de la Garonne, l'île du Ramier, alors que cette dernière redevient progressivement un poumon vert de la ville, dans le cadre du projet urbain Grand Parc Garonne. L'ouvrage d'art conçu par les agences d'architecture Grimshaw et PPA, dans le cadre d'un groupement de conception-réalisation emmené par Eiffage Génie civil Sud-Ouest, est l'un des quatre franchissements dont Toulouse Métropole a programmé la construction pour assurer la desserte du site par des modes doux.
Ouvrage asymétrique. Conçue comme un trait d'union, la passerelle en a la forme longiligne et la finesse. Son étroit tablier métallique s'élance sur environ 160 m de rive à rive, sans appui intermédiaire. Cette légèreté du geste, attendue par la maîtrise d'ouvrage, garantit la préservation des écosystèmes aquatiques. La prouesse est d'autant plus remarquable qu'aucune charge importante ne pouvait reposer sur la digue qui protège la rive côté ville. L'essentiel des efforts devait donc se reporter sur l'île. « Cette configuration particulière a guidé le choix architectural et structurel ambitieux d'un ouvrage asymétrique. La passerelle se présente comme un pont haubané dont on aurait coupé la moitié », résume Guillaume Pujol, cofondateur de PPA.
Semblant émerger de l'île du Ramier, un mât en « V » inversé, haut de 70 mètres, constitue l'élément saillant de la passerelle. Par son dessin épuré, « il se fond dans le paysage dès que l'on s'éloigne de quelques dizaines de mètres de l'ouvrage, fait remarquer Alice Barrois, directrice de Grimshaw pour la France. Nous avons choisi un juste milieu entre la volonté de marquer l'entrée sur l'île et l'envie de s'intégrer dans l'existant ». Les garde-corps métalliques jouent eux aussi la carte de la discrétion. Ils n'obstruent pas la vue vers le paysage urbain et, au-delà, sur les Pyrénées visibles par temps clair.
Les connexions de la passerelle avec les deux berges ont également fait l'objet d'un traitement différencié. Pour rejoindre la ville, le tablier débouche au niveau d'une placette depuis laquelle on accède facilement à l'avenue de Muret et à ses lignes de bus et de tramway. Cette extrémité est aussi raccordée à un escalier permettant de rejoindre la promenade qui longe le fleuve. Pour rallier la rive de l'île, plus basse, il a fallu imaginer une rampe permettant un atterrissage en douceur, mais sans qu'elle n'empiète trop sur les arbres existants et les zones en renaturation. « Finalement, la forme la plus simple a été choisie : un cheminement circulaire, qui permet d'appréhender le site à 360° avec, en bas, un “effet d'accueil” entre les ancrages béton du mât », détaille Alice Barrois. Cette implantation a aussi l'avantage de respecter les zones humides des berges.




Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Toulouse Métropole.
Groupement de conception-réalisation : Eiffage Génie civil Sud-Ouest (mandataire), Grimshaw (architecte), PPA Architectures (architecte cotraitant). BET : Ingérop (structure), Atelier ATP (paysage), Quartiers Lumières (conception lumière).
Coût des travaux : 11 M€ HT.
Livraison : juin 2024.