Ouvrage d'art : le chantier file bon train aux heures creuses

Rénover un tunnel sans trop perturber un axe aussi fréquenté que Paris-Le Havre exige un planning au cordeau et une organisation en béton.

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Le travail dans un tunnel de 2,6 km nécessite de maintenir une ventilation adéquate et d’assurer une surveillance constante de la qualité de l’air.

Construit en 1843, le tunnel de Rolleboise est l'un des plus anciens ouvrages d'art du réseau ferroviaire français. C'est aussi l'un des plus longs : 2 613 m. Situé dans les Yvelines entre Rosny-sur-Seine et Bonnières-sur-Seine, il constitue un passage obligé de la ligne Paris-Le Havre, un axe très circulé qui voit passer 53 trains par jour dans chaque sens en semaine et 36 le samedi. En raison de son âge, le tunnel est depuis plusieurs années surveillé de près par SNCF Réseau qui a détecté des risques de chutes de pierres depuis la coque en maçonnerie. Une première phase de travaux de rénovation a été réalisée en 2014 sur 300 m.

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La deuxième phase, menée par Eiffage, a démarré en janvier dernier sur 485 m. Au programme : nettoyage à haute pression de la maçonnerie intérieure du tunnel, pose d'une armature le long de la paroi, puis projection de béton sur celle-ci de manière à offrir une seconde peau à l'ouvrage. Trois trains de travaux assurent le ferraillage et le bétonnage. Ils sont assistés d'une dizaine de pelles et de nacelles rail-route qui réalisent des travaux préparatoires en parallèle - une idée d'Eiffage pour augmenter le rendement -, ce qui nécessite une bonne coordination dans les accès au tunnel. Car le chantier est loin d'être concentré sur un seul endroit : « Il y a 28 zones de travaux éparpillées sur toute la longueur », explique Zakaria Aouby, pilote d'opérations pour SNCF Réseau. Les opérations réalisées cette année comprennent des zones à traiter en urgence - « si les travaux n'étaient pas faits avant juin 2025, il aurait fallu limiter la vitesse dans le tunnel à 40 km/h contre 160 km/h en temps normal », précise-t-il - et d'autres moins pressantes mais qui ont tout de même été intégrées au chantier.

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La nuit, le temps est compté. Pour réduire au maximum les perturbations sur le trafic ferroviaire, les travaux sont réalisés de nuit pendant la semaine et en continu pendant 20 week-ends. Ces derniers mobilisent environ 120 personnes parfois contraintes de cohabiter avec les équipes du projet Eole. Un choix qui facilite la vie des usagers mais complique quelque peu celles des compagnons de Rolleboise. « Les opérations d'Eole ont parfois lieu entre notre base de Rosny-sur-Seine et le tunnel. Nous devons alors veiller à faire passer nos trains de travaux avant qu'ils ne s'emparent de la zone », indique Zakaria Aouby. Le temps est compté, surtout la nuit. « La circulation s'arrête à 23 h 30 mais le temps de mettre les voies en sécurité, nous commençons à travailler vers 1 h du matin jusqu'à 3 h 50 pour rendre les voies à 4 h 20 », détaille le pilote d'opérations. Pour gagner du temps, les équipes expérimentent un système automatique de coupure des voies : le drapeau rouge qui signale l'interdiction de circulation de part et d'autre du chantier est ici levé via un téléphone. Un dispositif astucieux qui évite le déplacement d'un agent SNCF sur toute la longueur du tunnel.

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Les nuits sont courtes, donc, et réservées aux travaux qui nécessitent peu de temps et peuvent être interrompus, comme des projections de béton sur des zones qui ne nécessitent pas de renforcement. Les travaux de ferraillage et de bétonnage, eux, se déroulent les week-ends. « Nous venons couper les maçonneries qui risquent de chuter et scier les anciens raidisseurs quand il y en a pour en poser de nouveaux et projeter du béton sur la coque du tunnel », liste Zakaria Aouby. La combinaison de nuits et de week-ends s'avère gagnante : lors des travaux de 2014, réalisés exclusivement de nuit, seuls les deux tiers du chantier avaient pu être menés à bien. Aujourd'hui, les équipes réalisent en un week-end l'équivalent de cinq semaines de travail voici dix ans. Le chantier devrait s'achever fin novembre mais les équipes ont bon espoir d'aboutir avec un train d'avance.

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : SNCF Réseau.

Maîtrise d'œuvre : SNCF Réseau Infrapole Paris-Saint-Lazare (travaux) et la direction générale d'ingénierie et innovation (études). Entreprises de travaux : groupement Eiffage Génie civil, Eiffage Rail. Durée des travaux : de janvier à novembre 2024.

Budget : 25 M€.

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