Quel est l’état d’avancement du projet ?
A la fin de l’année 2021, nous avons sécurisé le foncier avec le Grand port maritime de Marseille, qui, d’ailleurs, est entré au capital de H2V à hauteur de 5 %. L’usine va occuper 40 hectares sur la zone du Caban-Tonkin au sein de la zone industrialo-portuaire [ZIP, NDLR] de Fos-sur-Mer. Le site a l’avantage d’être très bien placé pour alimenter les industries présentes dans la zone. Des pipes situés à proximité permettront par ailleurs d’acheminer l’énergie. De même que les caves salines à Manosque (Alpes de Haute-Provence) seront un bon lieu de stockage. L’usine démarrera sa production en 2028.

« Nous tablons sur un prix de revient de l’hydrogène entre 4,5 euros/kg et 6 euros/kg »
Que comprend votre projet ?
Nous prévoyons la construction, en deux phases, de six unités de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau de 100 MW chacune : deux unités opérationnelles en 2028, les quatre autres en 2030. L’investissement estimé à 750 millions d’euros permettra de produire 84 000 tonnes d’hydrogène renouvelable par an destinées aux industries de la ZIP : raffinage, chimie, pétrochimie et sidérurgie. Avec cette production à grande échelle, nous tablons sur un prix de revient de l’hydrogène entre 4,5 euros/kg et 6 euros/kg.
En parallèle, nous allons investir 160 millions d’euros dans la création d’une unité spécifique de e-méthanol d’une capacité de 130 000 à 140 000 tonnes par an. Produit à partir d’une partie de notre hydrogène vert, ce carburant de synthèse alimentera le transport maritime de longue durée. Par ailleurs, nous avons signé un partenariat avec l’entreprise canadienne SAF+ pour fournir de l’hydrogène à des industriels qui produiront ensuite du carburant d’aviation durable dit e-SAF.
Quelle est la spécificité de la concertation ?
Elle va se dérouler dans quasiment les mêmes délais que deux autres projets de production d’énergies renouvelables. Ils s’implanteront aussi sur la ZIP et font l’objet de concertation sous l’égide de la CNDP. La société Carbon prévoit de construire une gigafactory intégrée qui produira des plaquettes de silicium, des cellules et des modules photovoltaïques à partir de 2025. GravitHY prévoit de produire 2 millions de tonnes de minerai de fer préréduit, appelé DRI [« direct reduced iron », NDLR] (voir encadré ci-après). Avec GravitHY, il y aura des sessions communes sur les problématiques d’eau et d’approvisionnement électrique.
« Nous allons être interrogés sur nos besoins en eau et la manière dont nous allons les optimiser »
Pourquoi ?
Notre process industriel s’appuie sur l’électrolyse de l’eau. Dans le contexte de sécheresse, le sujet de l’eau sera nécessairement abordé lors de la concertation, pas tant pour des questions de disponibilité de la ressource que pour des raisons sociétales. Nous allons être interrogés sur nos besoins en eau et la manière dont nous allons les optimiser. Par ailleurs, le fonctionnement de notre installation nécessitera la construction par RTE d’un nouveau poste d’alimentation électrique. Une mise en service par étape est prévue pour tenir compte des différents projets de renforcement du réseau nécessaires pour répondre à l’ensemble des besoins électriques de la zone estimés à 400 MW.
L’usine de Fos est-elle votre premier projet ?
Non, nous avons déjà obtenus l’autorisation environnementale d’en exploiter deux autres : un premier en Normandie de production d’hydrogène de 200 MW, que nous avons cédé à Air Liquide, et un autre d’une même capacité dans les Hauts-de-France. Comme pour celle de Fos-sur-Mer, nous allons assurer le développement du projet et exploiterons l’installation.
Comment allez-vous procéder pour la construire ?
Nous avons besoin de compétences en génie civil pour le bâtiment industriel et techniques pour le process, notamment sur des sujets très pointus comme la soudure. Sur le terrain de 40 ha, chaque unité occupera environ 1 ha. A la fin de la concertation, en décembre, nous allons lancer les demandes d’autorisation environnementale avec l’espoir de les obtenir au début de l’année 2025. A la fin de cette même année, nous aurons bouclé le tour de table financier et aurons choisi l’entreprise générale. Un des critères de choix sera sa capacité à construire un bâtiment bas carbone avec le moins d’impact sur l’environnement.
Carbon et GravitHy : deux autres projets d’énergies renouvelables sur la ZIP de Fos
Jusqu’à fin octobre, les habitants du golfe de Fos sont invités à participer à la concertation sur le projet Carbon. La capacité annuelle de production de cellules photovoltaïques serait de 5 GWc avec à la clé 3 000 emplois directs. Le montant de l’investissement est estimé à 1,5 milliard d’euros. L’installation nécessitera un raccordement électrique au poste 225 kV à proximité.
La concertation pour GravitHy va débuter à la mi-novembre. Issue d’un consortium industriel composé de EIT InnoEnergy, Engie New Ventures, Plug, Forvia, Primetals Technologies et du groupe Idec, la start-up prévoit de développer, sur une emprise de 60 ha de la ZIP, une usine de production de 2 millions de tonnes de minerai de fer préréduit, appelé DRI (pour « direct reduced iron »). Il serait produit à partir d’hydrogène obtenu par électrolyse de l’eau sur site (électrolyseur de 700 MW, production 120 000 tonnes/an). GravitHy annonce un investissement, dont le montant dépasse les 2 milliards d’euros et la création de plus de 500 emplois directs. Il espère mettre en service l’usine en 2027.