Le 15 avril 2019, quand l’incendie ravage la toiture de la cathédrale Notre-Dame à Paris, un vaste échafaudage est en court de pose. L’ouvrage auto-stable atteint les 56 m de hauteur et la base de la flèche. Pendant l’incendie, les pompiers, impuissants, n’ont pu qu’arroser cette structure métallique pour la refroidir. Résultat : l’ouvrage de 500 t a tenu bon. « Mais le renforcer faisait partie des urgences car il était impossible d’évaluer précisément son état et sa pérennité à court terme », témoigne Didier Cuiset, directeur d’Europe Echafaudage.
Pour compenser la disparition des pannes sablières dans les flammes, des vérins sont mis en place en pied de structure dans les jours qui suivent l’incendie. Par ailleurs, 35 t de CLT sont livrées par convoi exceptionnel pour sécuriser le pignon nord. Une fois cette première urgence réglée, l’échafaudage est instrumenté et des capteurs Osmos installés dans des endroits clés. « Ils servent non seulement à prévenir les compagnons en cas de mouvement, mais aussi à évaluer l’élasticité résiduelle du métal », explique Didier Cuiset. Quand la fibre neutre au cœur du matériau est atteinte, il peut casser. Or, bonne nouvelle, les capteurs ont mis en évidence la ductilité de l’acier.
Corseter la structure existante
Ces opérations effectuées, la consolidation de l’échafaudage pouvait débuter. Afin d’éviter tout déséquilibre susceptible de provoquer son effondrement, une nouvelle structure de métal est venu corseter l’existante. Sa tenue est assurée par un double dispositif : sur l’extérieur, un « cerclage » sur trois niveaux, en pied, en tête et au centre, empêche son effondrement. Plus précisément, des poutres quadrilobes de 28 et 26,5 m de long viennent ceindre le premier échafaudage pour former trois carrés. En tête, d’autres poutres métalliques viennent rigidifier l’existant et empêcher cette fois qu’il ne se referme sur lui-même. L’ouvrage qui a survécu aux flammes est lié au nouveau par un dispositif classique de tubes et de colliers.
En parallèle, l’existant a été purgé autant que possible des vestiges de planchers, de tubes et de poteaux, disséminés en partie haute et qui devaient servir à échafauder la flèche. Des opérations qui ont été réalisées à l’aide de la grue mobile d’une capacité de 3 t. Malgré l’arrivée de la grue à tour en décembre 2019, la dépose proprement dite n’a pu débuter qu’en mars, du fait des intempéries et des vents forts qui ont marqué le début de l’année 2020.
Démonter les deux premiers mètres de l'échafaudage existant
Quelques jours seulement avant le début du confinement, les deux premiers mètres de l’échafaudage ont pu être évacués, soit environ 20 t de matériaux. Cette étape n’a duré qu’une seule journée et n’inquiétait pas Didier Cuiset, qui rappelle que cette zone « n’étant pas achevée, les charges y étaient nettement moins importantes que dans les niveaux inférieurs ». De fait, le poids des « étages courants » avoisinera les 35 t.
Le vrai morceau de bravoure débutera lorsque les travaux reprendront, puisqu’il s’agira de continuer de démontage niveau par niveau, mais avec des charges presque doublées. Afin de respecter la charge maximale admissible par la grue à tour, soit 13 t, chaque niveau devra être divisé en sous-ensemble à évacuer, soit une véritable gageure. C’est bien une partie de Mikado géante qui s’engagera.
