Notre-Dame augmente le débit de sa défense incendie

Alors que la disparition en 2019 d’une partie du monument dans les flammes reste un traumatisme, des travaux d’adaptation de son système de défense incendie visent à porter le volume d’eau disponible à proximité à un niveau exceptionnel.

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Les canalisations de 6 m de long sont treuillées à travers une tranchée ouverte sur le quai de la Corse.

A quelques centaines de mètres du chantier de reconstruction de la cathédrale Notre-Dame, sur l’île de la Cité, se déroulent des travaux plus discrets mais non moins importants : l’augmentation de la capacité du réseau de défense incendie.

« L’objectif est d’avoir 600 m3/h d’eau disponibles pour n’importe quelle situation au pied de Notre-Dame », explique Nicolas Delivert, responsable de l’agence Est d’Eau de Paris, le maître d’œuvre du projet, qui précise : « Un tel volume, équivalent à un quart de piscine olympique, relève de l’inédit ». Il est en effet dix fois supérieur aux impératifs des normes incendie en pied d’immeuble qui s’élèvent à 60 m3/h avec une pression de 1 bar.

Des canalisations de 300 mm

Pour atteindre ce débit, le groupement Eiffage-Spac (Colas) a renforcé 1 km du réseau d’eau potable en remplaçant les canalisations existantes, d’un diamètre compris entre 100 et 200 mm, par du 300 mm. L’amélioration du système comprend également le doublement du nombre de bouches d’incendie, qui sont désormais une quinzaine autour de la cathédrale et dans les rues adjacentes. Le réseau alimentera enfin un nouveau dispositif de brumisation intégré à la charpente de la cathédrale d’environ 300 m3/h. « Il s’agit d’avoir une défense incendie efficace à 200 % autour du site », conclut le responsable d’Eau de Paris.

Plomb et amiante

Le chantier, entamé en début d’année en lien avec les services de la voirie, la Section d’assainissement et la Brigade des Sapeurs-Pompiers de la Ville de Paris, ne s’est pas fait sans difficulté : « L’incendie a dispersé du plomb dans l’air qui a ensuite été emporté par le ruissellement de l’eau utilisée pour l’extinction du feu et s’est déposé dans les égouts, nécessitant d’adapter les conditions de l’intervention », explique Laurent Blondeau, chargé d’études et de travaux chez Eau de Paris. Certaines des canalisations à remplacer recelaient en outre de l’amiante dans leur revêtement.

Un accès difficile

Par ailleurs, le remplacement des conduites existantes par des tuyaux de plus gros diamètre a osé des problèmes de place dans des ovoïdes qui comprennent deux réseaux, l’eau potable et l’eau non potable. « Avant on avait deux canalisations de 150, et on en a remplacé une par du 300, résume Laurent Blondeau. Dans un ovoïde d’un mètre de large, c’est une gageure en termes d’accessibilité et de pénibilité ». Il a donc parfois fallu déposer temporairement le réseau d’eau non potable pour faire passer le nouveau réseau d’eau potable.

Un revêtement recyclable

Les nouvelles canalisations, fournies par Saint-Gobain-PAM, sont en fonte ductile dotée d’un revêtement galvanique anticorrosion en zinc d’aluminium et cuivre recyclable. « Nous avons été sélectionnés pour la qualité de ce produit fabriqué en Lorraine, sur le site historique de Pont-à-Mousson, sa disponibilité et surtout, notre grande expérience du marché parisien », estime le directeur régional de Saint-Gobain PAM, Pierre Fruchard-Debionne. Ce chantier de 2 millions d’euros s’achèvera fin octobre.

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