L’éditeur de logiciels Nemetschek teste sa plateforme dTwin, comme « Digital twin », soit jumeau numérique en anglais. « La valeur du jumeau numérique vient des données qu’il contient et de leur structuration », rappelle Dr Jimmy Abualdenien, directeur du produit jumeau numérique chez Nemetschek. Comme toujours, il est nécessaire de préciser les notions évoquées dans ce modèle digital, ou plus précisément la maturité de l’objet en question. Pour Jimmy Abualdenien, la plateforme dTwin peut accueillir un modèle 3D statique standard, sa version détaillée, un modèle « tel que conçu » et enfin un jumeau équipé de capteurs ou « sensored twin ». Ce dernier se caractérise par un échange d’informations en temps réels grâce aux objets connectés qui renseignent l’état du modèle physique dans sa réplique numérique.
Traiter et organiser d'énormes quantités de données
Que fait dTwin exactement ? Son objectif est de traiter une énorme quantité de données de formats variés depuis la conception assistée par ordinateur et le BIM, jusqu’aux flux en temps réel des opérations de construction, en passant par d’autres sources connectées via des API ouvertes. « Cette ouverture sur des formats de données très variées est indispensable puisque c’est la réalité de nos clients qui ne disposent que rarement de données homogènes et parfaitement organisées. Maintenir et mettre à jours ces informations engendrent un travail à la fois fastidieux et très chronophage, d’où notre choix de développer des outils de capture de la réalité faciles à utiliser », détaille Jimmy Abualdenien.
Produire un nuage de points en une journée
Afin d’illustrer ses propos, il ouvre sur son ordinateur le jumeau numérique du siège de Nemetschek à Munich (Allemagne). Les bureaux occupent une surface totale de 33 000 m² en R+3+terrasse sur deux niveaux de sous-sol. Deux jours ont suffi pour acquérir numériquement l’ensemble du site, puis une journée a été nécessaire pour produire le nuage de point et les images panoramiques associées. Le bâtiment lui-même a ensuite été replacé dans son contexte géographique grâce aux données Google Earth.
Sur ce modèle dynamique, la détection est automatique et sert par exemple à géolocaliser un voile ou une paroi, à la relier aux capteurs les plus proches pour obtenir des informations sur la température de la pièce, son taux de CO2, les conditions météorologiques extérieures, etc. « Les utilisateurs peuvent modifier les données pour assurer leur cohérence et préciser le fonctionnement d’un ouvrage », indique Jimmy Abualdenien.
Trois utilisateurs de dTwin
Pour l’instant, trois utilisateurs pilotes utilisent l’outil dTwin. Ils sont aux prises avec des problématiques très différentes. Le premier gère un parc de bâtiments anciens, dépourvus de BIM ou de données structurées. Le second, à l’inverse, dispose d’une grande quantité de données, mais elles ne sont pas maintenues à jour. Enfin, le dernier a mis en place des capteurs spécifiques afin de connaître l’état des accès et des portes. « Nous réalisons des tests afin de modifier automatiquement et à distance les différents accès », indique Jimmy Abualdenien.
Pour l’instant, l’usage de la plateforme dTwin est volontairement limité par son éditeur. L’ouverture plus large de l’outil est prévue pour le premier trimestre 2024, puis l’offre s’étoffera de nouvelles fonctionnalités. L’éditeur allemand planche ainsi sur la conversion automatique du nuage de points en un modèle BIM. Cet outil permettra de proposer des jumeaux numériques à des gestionnaires ou des maîtres d’ouvrage qui ne disposent pas encore de modèle numérique de leur patrimoine. Une brique de plus vers la digitalisation du bâtiment.
