Démarrée en octobre 2021 dans le centre de Nantes (Loire-Atlantique), la rénovation du musée Dobrée par son propriétaire, le département de Loire-Atlantique, a franchi une étape importante avec la fin du gros œuvre. Conduit en entreprise générale par Bouygues Bâtiment Grand Ouest (BBGO) avec 26 sous-traitants régionaux, ce chantier hors norme porte sur trois bâtiments existants, d'époques différentes : le palais (XIXe siècle, d'inspiration néoromane), le manoir de la Touche (XVe siècle) et le bâtiment Voltaire, caractéristique de l'architecture brutaliste des années 1970 (architecte : Paul Ferré). Les travaux, évalués à 43 M€, devraient être terminés mi-2024.
A cette date, ce patrimoine hétéroclite sera mis en valeur par l'intervention sensible de l'Atelier Novembre (Paris), qui a redistribué les flux autour d'un vaste jardin et d'une promenade végétalisée (paysagiste : Atelier Moabi). « Le futur établissement s'ouvrira sur la ville avec un cœur de jardin accessible à tous, dont les collections végétales invitant au voyage en feront la première salle d'exposition du musée », décrit Fabrice Julia, sous-directeur des opérations immobilières au conseil départemental. Tout en révélant les potentialités de chacun des bâtiments, l'opération créera 2 000 m2 supplémentaires d'espaces d'exposition. « Comme un fil conducteur, nous avons utilisé un seul matériau, l'acier Corten, pour signifier les interventions nouvelles », indique Florent Le Gonidec, architecte en charge du projet.
Travail d'orfèvre. Entre décembre 2021 et mars 2022, une centaine d'ouvriers ont été mobilisés par BBGO pour créer un bâtiment enterré assurant les circulations et une extension du manoir, mais également pour réaliser la mise en accessibilité et les travaux de consolidation et d'étanchéité des fondations de tous les bâtiments. Puis l'entreprise Raimond, basée à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique), a amorcé la restauration à l'identique de 2 260 m2 de toitures. Pour la couverture du manoir, les compagnons ont découpé et clouté à 20 m de hauteur quelque 27 000 ardoises sur 640 m2 , avec un soin particulier porté à la tourelle qui a nécessité un véritable travail d'orfèvre.
Pour l'enveloppe des bâtiments, la restauration a consisté en un nettoyage des pierres et un rejointoiement à la chaux, tout en préservant les stigmates de la Seconde Guerre mondiale (traces de balles et d'éclats d'obus), mais aussi les nichoirs pour des martinets noirs. Ces derniers avaient été intégrés au bâti lors de la construction par Thomas Dobrée du palais qui abrite ses collections. « Nous avons calé le calendrier en fonction de ces oiseaux migrateurs dont l'arrivée a été prévue au jour près », raconte Arnaud Lecot, responsable du chantier chez BBGO.
A l'intérieur, de nombreux éléments comme les charpentes ou les vitraux ont été restaurés. Les menuiseries ont été changées mais toutes les crémones en laiton ont été démontées, sablées et reposées. Dans le palais, l'emplacement de coffres pour volets roulants, probablement parmi les tout premiers au monde, a été découvert et est désormais visible. « Sur de nombreux aspects, c'est un chantier école qui nous fait revisiter une partie de l'histoire de la construction », résume Arnaud Lecot.