Moyenne hauteur : vers le risque zéro

Deux nouveaux arrêtés publiés durant l'été restreignent le choix des matériaux autorisés en façade des immeubles de moyenne hauteur. Le texte va jusqu'à redéfinir ce qu'est un système de façade.

 

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Deux arrêtés datés du 7 août et publiés le 11 août au “Journal officiel”, relatifs à la sécurité incendie des immeubles de moyenne hauteur, représentent un changement réglementaire majeur.

« Les deux arrêtés datés du 7 août et publiés le 11 août au “Journal officiel”, relatifs à la sécurité incendie des immeubles de quatrième famille, représentent un changement réglementaire majeur », estime Jean-Charles du Bellay, chef de département à la direction technique de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Avec ces textes, les ministères de l'Intérieur et de la Transition écologique pallient un vide réglementaire en matière de rénovation des immeubles de moyenne hauteur (IMH), soit ceux dont le dernier plancher est compris entre 28 et 50 m de haut. Leur publication vient préciser les dispositions du relatif aux travaux de modification des IMH.

Stimuler l'innovation dans la rénovation

L'arrêté du 7 août relatif aux travaux de modification des IMH précise les solutions constructives acceptables pour les rénovations de façades. Et le message est clair : seuls les matériaux incombustibles sont autorisés ! « Il s'agit d'une évolution sécuritaire importante qui convient à la FFB, poursuit l'expert. Nous nous interrogeons toutefois sur le développement de la filière bois, puisque cette disposition empêche désormais de mettre en œuvre ce matériau sur l'enveloppe au-delà de 28 m. » Cela va compliquer les rénovations dans de nombreuses stations de ski, où ont été construits des édifices entièrement en bois jusqu'au 14e étage. « Or, les bardages en bois ne seront plus autorisés à partir du 10e étage, tout comme les plastiques alvéolaires », pointe-t-il.

Afin d'empêcher que le drame de la tour Grenfell à Londres, survenu en juin 2017, ne se reproduise, le texte va jusqu'à redéfinir ce qu'est un système de façade. En l'occurrence, le périmètre concerne tous les matériaux mis en œuvre entre le nu intérieur et le nu extérieur. La seule possibilité sera d'utiliser un sous-ensemble protégé par un écran thermique. « Un dispositif qui a été pensé pour stimuler l'innovation chez les industriels », souligne Jean-Charles du Bellay.

En attendant, les matériaux autorisés sont donc le béton, la terre cuite, l'ardoise, le fibrociment, l'acier et l'aluminium. « Or, les bardages en ardoise se posent traditionnellement sur des montants en bois, alors que cette précision implique de n'utiliser que des profilés métalliques en aluminium ou en acier inoxydable. Le coût au mètre carré s'en trouve plus que doublé puisqu'il passe de 95 à 250 € HT a minima », note le chef de département.

En neuf, des essais à échelle 1

Egalement daté du 7 août et publié le 11 août, l'autre arrêté concerne quant à lui la construction neuve. Il est relatif à la protection contre le feu des bâtiments d'habitation et modifie les dispositions de l'arrêté du 31 janvier 1986. Sa section 4, à propos des façades, comporte les principales modifications. Ainsi, pour les constructions de première et deuxième famille (voir tableau) , les parements extérieurs doivent être classés au moins D-s3, d0 (combustible et moyennement inflammable), ou en bois. « Cette classification autorise également le polystyrène graphité qui retarde les flammes pendant une dizaine de minutes », note Jean-Charles du Bellay.

Pour la troisième famille, soit les immeubles compris entre R + 3 et R + 9, la réglementation prévoit deux solutions. Premier cas de figure, l'ensemble du système doit être classé A2-s3, d0, c'est-à-dire être incombustible. « Or, les essences de type résineux, couramment utilisées en construction, comportent des terpènes et ne pourront donc pas répondre au critère d0 (non gouttant), ce qui leur interdit toute mise en œuvre dans les collectifs », souligne l'expert.

La deuxième solution autorise des systèmes dont « l'efficacité globale est démontrée par une appréciation en laboratoire ». Le texte fait ici référence aux essais sur un local expérimental pour incendie réel à deux niveaux (Lepir 2), dont la réalisation est coûteuse. Enfin, pour les immeubles de 4e famille, les IMH, seuls les matériaux incombustibles seront autorisés à partir du 1er janvier 2020.

« En deçà de 28 m, donc en troisième famille, le bois en façade reste possible à condition de réaliser des tests sur des façades réelles. Or, le FCBA et le CSTB ont justement effectué ces essais Lepir 2. Les résultats ont fait l'objet d'un guide intitulé “Bois construction et propagation du feu par les façades” », rappelle Jean-Marie Gaillard, expert du comportement du bois au feu au FCBA. L'ouvrage mis à jour avec des solutions optimisées a été publié au début de l'année. Il passe en revue les dispositions constructives pour les façades avec bardage ventilé, mis en œuvre sur des parois porteuses et non porteuses. Pour Jean-Marie Gaillard, « la publication de ces arrêtés met un terme à la période trouble qui a suivi l'incendie de la tour Grenfell, où des choix constructifs innovants ont pu se trouver bloqués. Désormais, tous les acteurs connaissent le contexte et peuvent travailler dans le même cadre ».

 

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