Onze décès en sept mois sur les chantiers. C'est le sombre décompte réalisé par « Le Parisien », pour le département des Hauts-de-Seine. Pour un seul département, certes dynamique, c'est inacceptable. Et inquiétant. En comparaison, l'Assurance maladie avait dénombré 16 accidents du travail mortels dans le BTP sur toute l'année 2017, et pour toute l'Ile-de-France. Or, la mort ne rôde pas que dans le 92 : pas plus tard que la semaine passée, l'effondrement d'un échafaudage a causé la mort d'un compagnon à Paris.
Chute de hauteur, accident de la route, incendie… Chaque drame est unique. Et, de l'employeur inconséquent à l'ouvrier négligent, les causes sont mul- tiples. Malgré tout, les tendances ont un sens.
Les petites économies conduisent parfois aux grands drames.
On sait par exemple qu'en Ile-de-France, la boulimie de chantiers tend le marché du travail. Or, les difficultés de recrutement conduisent parfois à embaucher des salariés peu ou mal formés. On sait aussi que la pression sur les prix et les délais pousse les entreprises de travaux à rechercher la productivité et traquer les dépenses. Or, les petites économies conduisent parfois aux grands drames.
« Et alors ? », rétorqueront certains. « Pourquoi rechercher des causes, au risque de dédouaner les coupables ? » En son temps, Manuel Valls estimait qu' « expliquer, c'est déjà vouloir un peu excuser ». C'était certes sur un tout autre sujet -le terrorisme -, mais c'était la même idée dangereuse. Car comprendre l'origine d'un phénomène, c'est se donner les moyens de prendre le mal à la racine.
Les politiques de prévention portent leurs fruits. Les contrôles aussi. Tout comme l'évolution des mentalités et l'innovation technique. Sur le long terme, on meurt de moins en moins sur les chantiers. Entrepreneurs et maîtres d'ouvrage : ne laissez pas les soubresauts de l'activité économique briser une tendance aussi vitale.
