Mais qui sont donc les premiers Mon Accompagnateur Rénov (MAR) ? Une question essentielle, quand on sait le rôle-clé que ces acteurs joueront dans le parcours accompagné de MaPrimeRénov' en 2024. C'est d'ailleurs leur existence qui permet à l'Anah de justifier d'un taux de contrôle de seulement 10 % sur les futures opérations en BAR-TH-174, quand ils étaient montés à 100 % avec l'actuelle fiche BAR-TH-164 sur la rénovation globale, face aux abus massifs.
L'annuaire se fait attendre
De la qualité des MAR dépendra donc la fiabilité du système voulu par le Gouvernement pour l'année prochaine. Nous avons donc adressé il y a quelques semaines une demande à l'Anah, pour connaître le nom des premières structures agréées. Réponse : il faut patienter jusqu'en janvier, avec la mise en ligne de l'annuaire des MAR, par département.
C'est en effet localement que les MAR sont habilités, avec une curieuse construction juridique. Précisant leur périmètre d'intervention, ils doivent dans leur dossier d'agrément mentionner le territoire visé, et les moyens dont ils disposent sur ce territoire. S'ils sont agréés, ils figureront avec le périmètre précisé dans l'annuaire France Rénov' des MAR - celui attendu pour janvier. Mais même territorialisé, le MAR reste compétent nationalement.
158 MAR habilités
Direction, donc, les sites des préfectures, pour éplucher les recueils des actes administratifs (RAA) de novembre et décembre 2023. Au niveau régional, seule la préfecture d'Occitanie publie, fin novembre, l'habilitation de MAR. Encore faudra-t-il se contenter de sept noms : quatre associations (Soliha, Pact Habitat, Gefosat et Quercy Energie), une collectivité territoriale et deux entreprises privées. Rien dans les autres préfectures de région, ni dans les RAA des départements urbains que nous avons consultés.
Quelques mails envoyés nous ont tout de même permis d'arriver à un chiffre : 158 MAR habilités au niveau national au 14 décembre, pour 634 dossiers déposés en tout, de nombreuses instructions restant en cours. L'Etat se targuait d'atteindre 2000 MAR en fin d'année, et 5000 l'an prochain - le compte est donc loin d'être bon. Une situation qui d’ailleurs inquiète le monde de la rénovation, le manque de MAR risquant de freiner les chantiers de rénovation globale l’an prochain, même si le répit de six mois accordé aux passoires thermiques pour profiter du pilier monogeste donne un peu d’air.
Ruée sur les MAR
Peu nombreuses, les structures habilitées MAR intéressent néanmoins. "Un petit bureau d'études OPQIBI habilité MAR, ça se valorise aujourd'hui dans les 100 000 €," nous explique un auditeur thermique inquiet de voir arriver les anciens spécialistes de la rénovation globale en BAR-TH-164. Dans le Sud, un entrepreneur nous confirme que plusieurs auditeurs énergétiques récemment habilités ont reçu des coups de téléphone d'entreprises franciliennes pour les racheter à bon prix, et vite.
Les groupes privés sur les réseaux sociaux sont de ce point de vue éloquent. Sur l'un d'eux, auquel nous avons accès, parmi les offres pour des leads qualifiés depuis des plateformes au Maroc, des postes de téléopératrices en rénovation énergétique à Jérusalem et des audits énergétiques complaisants, un dirigeant de bureau d’études annonce la couleur. Qualifié Qualibat et OPQIBI, il met en avant son statut d'opérateur de l'Anah, qui donne droit à une procédure simplifiée pour devenir MAR. Prix à débattre.
