Pourquoi les établissements industriels doivent-ils faire l'objet d'études acoustiques ?
RENE GAMBA. Ces établissements sont visés à deux titres. Premièrement, parce qu'en zone urbaine ou périurbaine ils créent un risque de gêne auprès des tiers non directement concernés par l'activité bruyante, ensuite parce que dans l'entreprise elle-même le personnel est concerné. On dit que deux millions de person- nes sont exposées, en France, dans le cadre de leur travail, à des niveaux sonores présentant un risque auditif supérieur à 85 dB(A).
D'où provient la gêne des rive-rains d'un établissement industriel et comment l'évite-t-on ?
La gêne provient de bruits intermittents dérangeants ou de bruits continus masquants.
Pour la satisfaction du riverain, un équilibre doit être trouvé entre l'impact sonore d'un nouveau projet et l'environnement auquel il est habitué afin de mettre en service des établissements s'intégrant au mieux dans le paysage sonore existant.
Pour lutter contre ces nuisances et préserver les riverains des installations bruyantes, la réglementation impose des émergences à ne pas dépasser selon que l'installation est classée pour la protection de l'environnement ou non. L'émergence, critère d'évaluation de la gêne, résulte de la différence entre le niveau sonore comportant le bruit particulier de l'installation incriminée et le niveau sonore mesuré en l'absence du bruit perturbateur. L'exigence est naturellement plus forte la nuit que le jour.
Quelle est la démarche à suivre si l'on veut réussir l'intégration d'un projet industriel dans son environnement sonore ?
Il faut procéder en trois étapes. D'abord, établir une caractérisation acoustique du site en prévoyant toutes les variations de bruit, actuelles ou prévisibles, qui peuvent s'y produire. Puis, évaluer de façon prévisionnelle l'impact sonore du projet et le comparer aux objectifs visés. Enfin, définir les actions à mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs. La prise en compte de l'intégration dès la conception est primordiale, car les actions sont moins coûteuses et plus faciles à mettre en place au stade du projet. En effet, si au démarrage du projet le bruit reste inférieur à un seuil de tolérance, les riverains ne se plaindront pas. Mais si le bruit dépasse ce seuil, il faudra ensuite le réduire.
Quelle est la démarche à suivre à l'intérieur des locaux ?
Le code du travail français impose un certain nombre de mesures en conformité avec la directive européenne sur la protection des travailleurs contre le bruit. D'abord, il faut effectuer une évaluation obligatoire de l'exposition sonore quotidienne de tout le personnel. Puis, pour les salariés exposés, il est nécessaire de mettre en oeuvre un programme de mesures techniques ou organisationnelles destinées à réduire l'exposition au bruit. Ces mesures comprennent l'attribution de protecteurs individuels, une surveillance médicale, et des systèmes d'information et de formation. Il s'y ajoute une signalisation appropriée des lieux et emplacements de travail.
Deux autres points sont également exigés. Le premier porte sur la réduction obligatoire du bruit des machines dès leur conception, s'accompagnant d'une information sur le bruit émis. L'autre concerne la réduction de la réverbération des locaux dès leur construction ou à l'occasion d'un réaménagement.
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Il est nécessaire de réduire du bruit des machines dès leur conception et de diminuer la réverbération des locaux dès leur construction.