Les architectes Jean Guervilly et Françoise Mauffret l’affirment, amusés : « C’est un édifice articulé autour d’une seule idée, et elle n’est pas de nous : celle de l’îlot ouvert due à Christian de Portzamparc, dans laquelle nous avons coulé notre écriture. » Une gageure, compte tenu de la densité du programme (laboratoires, salles de cours, locaux administratifs et techniques) et du principe même de l’îlot ouvert, avec son jardin central, ses percées visuelles… « Nous nous sommes efforcés de traduire le concept au plus près, avec un vrai jardin en pente douce, un hall vitré qui dilate l’espace et des bâtiments qui laissent filer le regard au loin. »Tous les volumes ont donc été organisés autour du jardin. Le dénivelé entre la rue Marie-Andrée Lagroua-Weill-Hallé et l’avenue de France a été mis à profit pour caler l’édifice sur deux niveaux. Un rez-de-chaussée bas pour l’accès des chercheurs et la logistique (livraisons, déchets) et un rez-de-chaussée haut, 3 m au-dessus, qui forme l’accès principal. Entièrement vitré, il s’installe sous un porte-à-faux monumental qui abrite le hall d’accueil, la cafétéria et l’administration.
Une élégante sobriété
« Nous avons choisi de réaliser une construction simple, peu coûteuse, sans ostentation ni effets appuyés », expliquent les architectes. Les façades en béton s’habillent de briquettes, brunes sur la rue, blanches en cœur d’îlot. Les menuiseries en aluminium anodisé poli sont placées au nu extérieur, et la technique est partout dissimulée.
L’édifice est innervé par 16 gaines verticales convergeant vers une salle des machines « calepinée comme celle d’un bateau », qui abrite les équipements de traitement d’air, de chauffage, de filtration. Dans les locaux, « les laboratoires sont propres et lisses, sans réseaux apparents ». Les fenêtres s’entretiennent facilement depuis l’intérieur : « J’ai partout le regard de la femme de ménage bretonne », plaisante Jean Guervilly.
« Les utilisateurs sont satisfaits, note Jean-Jacques Obriot, directeur de la cellule construction à la Semapa. Le bâtiment est fonctionnel. Et, avec Jean Guervilly et Françoise Mauffret, on avance en terrain connu. Il n’y a pas de place pour des débats interminables sur l’écriture architecturale, ce qui est plutôt rassurant pour un maître d’ouvrage ! »
De leur côté, les architectes expliquent avoir « souhaité créer des ambiances familières pour que les chercheurs se sentent chez eux. Un bâtiment, c’est un peu comme une histoire qui s’impose à tous, et vous n’avez pas forcément envie qu’on vous raconte la même histoire tous les matins ! Alors il faut savoir se montrer discret et ne pas verser dans l’exubérance. »
Maîtrise d’ouvrage : département de Paris – Ville de Paris, direction des affaires scolaires. Semapa, mandataire.
Maîtrise d’œuvre : Jean Guervilly et Françoise Mauffret, architectes. Pierre-Olivier Vanende, assistant. BSO, BET structure. Bethac, BET fluides. ECB, économiste. Bertrand Paulet, paysagiste.
Entreprise générale : Eiffage Construction IDF Paris.
Montant des travaux : 20,80 millions d’euros HT.
Surface : 13 700 m2 HON.

