Mention au prix de l’Equerre d’argent 2013 : 20 logements sociaux à Paris

L’opération de 20 logements sociaux à Paris (XXe), réalisée par Babled-Nouvet-Reynaud architectes pour le compte de la Société immobilière d'économie mixte de la Ville de Paris (Siemp), a été distinguée le 18 novembre par une mention au Prix d’architecture de l’Equerre d’argent 2013. Tenant le pari de la qualité environnementale non­machiniste, cette opération valorise son implantation par un principe constructif astucieux pourvoyeur de qualité d’usage. Cette approche architecturale de la durabilité est exemplaire d’une certaine intelligence climatique.

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20 logements sociaux à Paris (XXe)

« Comment envisager des bâtiments producteurs de l’énergie suffisante à leur fonctionnement sans rien renier de leur qualité d’usage et en évacuant l’approche machiniste et sa contraignante obligation de maintenance ? », questionne l’architecte Armand Nouvet . Dans l’opération de rénovation urbaine menée sur l’îlot Fréquel-Fontarabie, chaque maître d’œuvre était libre de développer sa vision de la durabilité en proposant des interventions expérimentales qui répondent aux ambitions du Plan climat de la ville de Paris : une consommation maximale de 50 kWh EP / m² an, soit l’exigence de la RT 2012. Pour implanter 20 logements sur une parcelle alambiquée au sud-ouest de l’îlot, Armand Nouvet (BNR architectes) a choisi de mener une réflexion globale alliant souci de la construction et de l’usage pour atteindre la haute qualité environnementale sans recourir à l’accessoirisation technologique. Conçu avec les ingénieurs de RFR éléments, le dispositif low-tech – au sens de l’utilisation intelligente de ce qui est à disposition par des moyens exclusivement architecturaux – tire parti de l’ancrage urbain de l’opération. Adossée à une série d’héberges au nord, sa partie principale se développe en trois volumes décroissants pour ne pas écraser les avoisinants, autour d’une cour traversante et d’un bâtiment pivot réduit au maximum. Ce linéaire de façade se trouve donc entièrement exposé à la course du soleil. Pour valoriser cette ressource énergétique naturelle, l’équipe l’a transformé en manteau climatique et le combine à une organisation intérieure des logements optimale favorisant leur ventilation naturelle.

Mur capteur

Le bâtiment principal est organisé autour de deux cours de service pour ouvrir les pièces humides réparties le long des mitoyens. Son système porteur en colonnade rythme les pièces de vie en enfilade sur la façade principale et séparées par des portes à galandage libérant les perspectives intérieures. Le plan libre assure l’adaptabilité donc la pérénité de l’ouvrage et l’entre-axe réduit de la structure permet d’éviter les retombées de poutres qui auraient fait obstacle à la circulation de l’air entre la façade et les cours arrières. Sur cet ordre bétonné est fixé celui du bois qui constitue la double peau garantissant le confort acoustique de l’opération. Cette enveloppe épaisse est le point d’orgue du dispositif environnemental. Deux parois de vitrages coulissants enferment des petits espaces non chauffés de 30 cm à 1,20 m d’épaisseur. Les châssis intérieurs laissent parfois la place à un mur capteur préfabriqué, chargé d’absorber la chaleur du jour et de la diffuser dans le logement par dépression au cours de la soirée. Cannelé pour augmenter sa surface de chauffe, sa teinte foncée et son grain sont étudiés pour qu’il soit le plus performant possible. « La façade est le système de chauffage des logements », affirme l’architecte. Pour preuve, à l’intérieur les convecteurs sont inhabituellement petits. Quant à l’interrupteur de ce méga radiateur, des stores d’occultation aluminisés sont chargés d’annuler ses fonctions. En hiver, il faudra les lever et la chaleur transmise par le mur capteur sera retenue à l’intérieur des logements grâce aux parois épaisses qui longent les mitoyens. En été, il faudra les baisser, la circulation de l’air entre les baies ouvertes et les cours de service assurant la ventilation des logements. Comme tout dispositif original, il requiert un peu de pédagogie auprès des habitants. Son efficacité ne nécessite en tout cas qu’une ventilation simple flux dont la motorisation est installée dans le parking souterrain, dégageant ainsi les cinquièmes façades de toute mécanique disgracieuse et facilitant l’accès pour la maintenance. « Ces choix contribuent à l’approche environnementale globale du projet », assure Armand Nouvet. Ils participent également à l’attrait esthétique de cette réalisation raffinée qui prouve enfin que grandes surfaces vitrées et réduction de la consommation énergétique ne sont pas antinomiques. Trop souvent, la qualité d’usage des habitations pâtit des efforts pour réduire leur consommation. Peu vitrées, elles tournent le dos au soleil, contraignant cette chaleur qu’il faudra refroidir à grand renfort de technologie.

Article publié dans « AMC Le Moniteur Architecture » n° 225 du 21/06/2013, pp. 70-73.

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