Divine surprise, l'an dernier, les entreprises françaises spécialisées dans l'industrie ferroviaire ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 15,4 %, à 15,8 milliards de francs (voir chiffres clés). Mais, nuance immédiatement la Fédération des industries ferroviaires (FIF), cette bonne surprise tient surtout au fait que les industriels ont réalisé l'an dernier à l'export, avec des facturations de près de 6 milliards de francs, leur meilleure performance depuis 1994 et une des meilleures de la décennie. Les performances ont pour nom : TGV en Corée, métros de Caracas, de Santiago ou encore des commandes suisses de matériels de fret.
Inquiétudes des industriels sur le marché intérieur
Inversement, le marché intérieur (+ 6 % en francs constants, à 9,95 milliards de francs) souffre de contrastes préoccupants. «Le premier recouvre l'opposition entre des facturations qui augmentent de 12,2 %, à 6,67 milliards de francs pour la SNCF et des investissements pour compte propre qui continuent à se réduire. Tandis que les livraisons inhérentes aux contrats majeurs s'achèvent (TGV Duplex, notamment) et que peu de nouvelles commandes leur succèdent», souligne la FIF. Ainsi, entre 1996 et 1998, les commandes «matériels roulant» de la SNCF ont baissé de 38 %. Heureusement, les subventions des collectivités locales ont pris le relais (2,026 milliards de francs en 1998 contre 1,350 en 1997). Autre sujet d'inquiétude, les commandes de la RATP qui s'affichent en baisse de 26 % (à 1,038 milliard de francs).
«Le sentiment par trop répandu que nous sommes, encore et de loin, les meilleurs en Europe, que nous y demeurons encore LA référence et que nous sous sommes donné les moyens d'une grande ambition ferroviaire pour les prochaines décennies, ne résiste pas à l'examen des chiffres», insiste Jacques Douffiagues, le président de la FIF. L'investissement ferroviaire public stagne, voire décroît, en France. L'agrégat RFF + SNCF devrait investir dans les années à venir entre 22 et 23 milliards de francs par an. C'est-à-dire : deux fois et demi de moins que les investissements prévus par la DB en Allemagne et Railtrack au Royaume-Uni. Pis, la FIF prévoit, pour la France, une réduction de 15 % à 20 % par an, à partir de 2001, des investissements liés au ferroviaire.
Heureusement, le ministre de l'Economie, a entendu les doléances de la FIF. Ainsi, fin juin, le CIES (Comité des investissements économiques et sociaux) a autorisé la SNCF à passer une «grosse» commande : 1,5 milliard de francs sur 1999 et 2000 pour des rames de TGV Duplex. Une mesure qu'attendaient impatiemment les industriels.
CHIFFRES CLES
Chiffre d'affaires 1998 : 15,8 milliards de francs (+ 15,4 % sur 1997).
CA à l'export : 5,84 milliards de francs (+ 34,5 % sur 1997).
Effectifs : 16 256 salariés (-2 %).