Un semblant de rebond se dessine. C'est le premier enseignement à tirer du dernier bilan de conjoncture dévoilé par l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem), le 24 mars 2025.
Parmi les chiffres qui témoignent de cette embellie : des volumes de granulats en hausse de 3,9 % sur trois mois, de novembre à janvier, en comparaison des trois mois précédents et de la même période il y a un an (-1,3 % entre décembre et janvier, néanmoins) ; un béton prêt à l’emploi (BPE) en léger redressement (+0,2 %) au cours des trois derniers mois ; les autres matériaux de la filière minérale en progression de 0,7 % entre le troisième et le quatrième trimestre 2024.
Pour autant, il serait prématuré d'annoncer un retournement du marché alors que la production de BPE s’est contractée de 10,4 % sur douze mois glissants, à fin janvier, contre -11,6 % pour l’ensemble de l’année 2024.
Des signaux encourageants de l’Insee
Si les chiffres poussent à la prudence, l’Unicem entrevoit néanmoins une éclaircie sur le front du bâtiment basée sur une enquête de l’Insee menée auprès des professionnels de la filière, et qui indique que le climat des affaires aurait cessé de se dégrader. Dans le gros œuvre, les chefs d’entreprise expliquent que leurs carnets de commande ont rebondi en janvier et que l’activité « frémit » de nouveau. Si la construction dans le non résidentiel poursuit son repli (-3,5 % en glissement annuel et -7,5 % en cumul sur douze mois), les permis se redressent (respectivement +13,3 % et +1,8 %), notamment dans les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des services publics. Pour le logement, le ministère décrit une forte hausse des mises en chantier : +16,8 % de logements entamés au cours des trois derniers mois ; un rebond concernant aussi bien le collectif que l’individuel et les résidences (+22,8 %).
Le soutien des institutionnels
Ce sursaut des mises en chantier de logements, alors même que l’atonie a largement caractérisé le secteur, s’explique en partie par les rachats de logements des bailleurs institutionnels que sont CDC et Action Habitat (47 000 au total), selon l’Unicem. Un mouvement initié en 2024, dans le cadre du CNR Logement, mais qui pourrait ne pas se pérenniser, aucune information en ce sens n’ayant été communiquée par les deux organismes. La reprise des transactions, favorisée par la baisse des taux d’intérêt (3,9 % en février selon l’Observatoire du Crédit Logement) et la demande de crédits qui en découle, devrait prendre le relais des institutionnels.
A fin février, en cumul sur douze mois, la production de crédits a crû de 14,3 % et le nombre de crédits accordés de 40,2 %. Les mesures adoptées par le gouvernement et qui prendront effet au 1er avril (extension du Prêt à taux zéro, défiscalisations des donations, etc.) sont de nature à confirmer la tendance. Restent les facteurs susceptibles d’enrayer la bonne dynamique : des perspectives de croissance faibles et un chômage qui se redresse. Sans oublier le contexte international instable. D’ailleurs, l’Insee indique que les intentions d’achat de logements de la part des ménages se sont ralenties en février. « Les risques qui pèsent sur l’activité en 2025 ne sont pas à écarter », synthétise l’Unicem dans son rapport.