Oui, le secteur de la construction est en crise. Et si ses différents acteurs appellent le gouvernement à agir, le manque d'unité agace Philippe Gruat, président de l’AIMCC (Association des industries des produits de construction) : « Alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, a donné dans son discours de politique général beaucoup d’informations qui vont dans le bon sens pour le secteur de la construction - sans toutefois rentrer dans les détails - il ne faudrait pas que l'on se mette à écouter le dernier qui a parlé dans un cabinet ministériel ou celui qui a parlé le plus fort dans les journaux avec 36 logos en bas de sa tribune (allusion à peine voilée à l'Alliance pour le logement, NDLR). On se connait, on sait s’entendre. Mettons-nous tous autour de la table. J’insiste sur le collectif : les décisions pour le secteur doivent être prises en commun. »
Il faudra au moins ça pour permettre aux industriels de la construction membres de l'AIMCC (39 organisations professionnelles adhérentes désormais, dont récemment Routes de France et la Fipec (peintures), représentant plus de 7000 entreprises, pour plus de 45 000 emplois et plus de 60 Mds € de chiffre d’affaires) d'espérer des jours meilleurs.
L'activité en baisse continue
En effet selon les résultats de la dernière enquête de l'AIMCC, 47 % des 29 organisations ont connu une baisse d'activité supérieure à -5 % en 2023. Une baisse principalement imputée au recul de la demande (35 % des répondants) et aux conséquences de l’inflation avec l’augmentation des coûts (25 %).
Et 2024 s'annonce pire : les industriels prévoient un fléchissement très significatif de l’activité (en volume) au regard de 2023 (déjà à la baisse). Pour la moitié des répondants, la baisse sera comprise entre -5 % et -10 %. Pour 26 % des répondants, elle sera plus importante (supérieure à -10 %). En cause toujours : les contraintes financières et la baisse de la demande.

Seul point positif (et surprenant) : à la question « quelle est votre opinion sur l’évolution des effectifs des entreprises de votre fédération en 2024 » : 60 % considèrent que les effectifs devraient rester stables, voire progresser en 2024, malgré la conjoncture. Le second œuvre envisage majoritairement de voir stagner ses effectifs tout comme les équipements. Le gros œuvre envisage une diminution de ses effectifs.
La transition écologique malgré tout
Dans ce contexte morose, l'AIMCC a légèrement revu l'ordre de ses priorités : le soutien à l’activité vient évidemment en tête (exigence d'un plan de relance de la construction neuve, massification de la rénovation énergétique, solidarité de la filière...), suivent le maintien de la compétitivité (maîtrise des coûts et des données) et enfin la transition écologique (feuilles de route de décarbonation de chaque famille après celles du ciment, du verre, des tuiles et briques et des routes, REP, économie circulaire).