L'éco-terrorisme est, dans la France de 2022, un concept vide de sens, tout juste bon à se faire peur. Cela dit, la violence s'invite parfois dans les actions écologistes, et même de manière spectaculaire. Ainsi, début décembre, près de Marseille, des dizaines d'activistes investissent une usine Lafarge et y procèdent à des actes de destruction. A coup de hache et de marteau, ils s'attaquent méthodiquement aux équipements de la cimenterie avec un message clair : le béton, voilà l'ennemi.
Cette action destinée à heurter l'opinion n'aura fait que des dégâts matériels. Quant au sabotage, il est aussi vieux que l'outil industriel. Cet air de déjà-vu pourrait aisément masquer ce qui est radicalement nouveau dans cette action : ni le degré de violence ni le mode d'action, mais la cible elle-même. Le BTP apparaît désormais aux yeux de certains comme un objectif à abattre. Il ne s'agit plus ici de s'opposer à un projet qui génère l'artificialisation de terres agricoles ou la destruction d'espèces protégées mais bien de s'attaquer à l'outil de production même. L'acte de construire deviendrait, en soi, un crime contre la planète.
Les chantiers restent indispensables : sans eux, point de transition écologique
Ce point de vue apparaît au mieux comme une regrettable incompréhension, au pire comme une dangereuse cécité. Car, qui mieux que la construction peut relever le défi de décarboner les transports ? Qui peut entreprendre des opérations de renaturation ? Qui peut rafraîchir la ville et la préparer aux extrêmes climatiques ? Qui peut œuvrer à la sobriété ? Capables du pire comme du meilleur, les chantiers répondent aux besoins et aux priorités de leur époque. En 2022, ils restent indispensables : sans eux, point de transition écologique.
D'autres militants écolos ne s'y trompent d'ailleurs pas. Ceux du groupe Dernière Rénovation choisissent de bloquer la circulation routière pour alerter sur le besoin de financer la rénovation thermique des bâtiments. Là aussi, on perturbe pour sonner l'alerte et faire naître le débat. Sauf qu'ici, on a compris : le chantier, voilà la solution.