Le grand port maritime de Marseille (GPMM) est sorti des turbulences qui l'ont longtemps empêché d'assurer sa vocation de porte d'entrée méditerranéenne en Europe. Depuis la réforme de 2008 qui a transformé ce port autonome en grand port maritime, il doit aussi assumer sa nouvelle mission d'aménageur : des bassins ouest (10 000 ha), créés par l'Etat dans les années 1960 à Fos-sur-Mer, mais aussi des bassins est (400 ha), bande littorale de 12 km qui s'étire au nord du Vieux-Port. Aujourd'hui, le GPMM est à la croisée des chemins. Le 15 mars, la présidente de son directoire, Christine Cabau-Woehrel, a quitté son fauteuil après un mandat de cinq ans pour rejoindre la CMA-CGM. Hervé Martel, président du directoire du grand port maritime du Havre, est pressenti pour lui succéder. Le futur conseil de surveillance devra approuver à la fin de l'année son projet stratégique pour la période 2019-2023. Comme le précédent, il sera tourné vers le développement de nouvelles activités pour pallier le déclin du trafic des hydrocarbures. Un avenir qui a pour fil directeur l'excellence environnementale, notamment par le branchement électrique des navires à quai et la diversification énergétique. Sur ce point, il veut devenir terre d'accueil d'installations éoliennes et photovoltaïques. Au titre du schéma directeur du patrimoine naturel, le GPMM doit aussi respecter ses engagements en matière de préservation et de gestion des 2 500 ha d'espaces naturels qui entourent les bassins ouest. Un grand écart entre logique industrielle et développement durable pas toujours évident à réduire sur la zone industrialo-portuaire (ZIP) de Fos, devenue le cœur de son activité.
Hub. Autour des bassins est, le GPMM veut faire éclore des filières économiques autour de la mer, en accord avec la métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille. C'est le sens de l'appel à manifestation d'intérêt pour céder à un ou plusieurs opérateurs sous forme de convention d'occupation temporaire (COT) 1,2 ha à l'Estaque. Idem au bassin Mirabeau, où il réalise un terre-plein pour le spécialiste de la réparation navale Monaco Marine, installé via une COT.
Le port entend aussi tirer profit de sa position en s'imposant comme le hub d'interconnexion des câbles sous-marins. Le gestionnaire de data centers Interxion a saisi cette opportunité. Titulaire d'une COT de 49 ans, il investit plus de 200 M€ dans l'aménagement de deux friches à proximité du terminal du Cap Janet. La reconfiguration de celui-ci, pour accueillir les ferries assurant les liaisons avec le Maghreb, est un autre chantier structurant (lire page 32) . L'opération va en effet libérer de l'espace entre le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) et le centre commercial Les Terrasses du port, deux équipements symboles de la nouvelle capillarité ville-port. Instiguée lors de la création de l'opération d'intérêt national (OIN) Euroméditerranée en 1995, cette porosité est aujourd'hui inscrite dans la charte ville-port, adoptée en 2012 pour offrir un espace de dialogue. Au mitan des années 1990, le port, à l'époque autonome, avait accepté de céder à Euroméditerranée une partie de ses quais et de ses anciens hangars aux abords immédiats du fort Saint-Jean pour laisser place au Mucem et à sa vaste esplanade.
Aujourd'hui, la démarche est autre. Le domaine public mari time (DPM) n'est pas inscrit dans les 169 ha de l'extension d'Euroméditerranée, mise en orbite en 2007. Et le port veut rester maître de son foncier en le cédant sous forme de COT conformément à sa stratégie de valorisation. C'est le modèle choisi lors de l'appel à projet lancé en juin 2017 pour trouver une nouvelle destination au hangar J 1, vestige du patrimoine industriel du début du XXe siècle.