Marseille : démolition non autorisée à la Villa Valmer, le chantier est suspendu

Suite à la démolition d’une dépendance, non prévue dans le permis de construire, la Ville de Marseille a saisi la justice pour infraction au code de l’urbanisme et suspendu le chantier de transformation de la Villa Valmer, emblématique bastide de la fin du XIXe siècle située sur la corniche. C’est un nouvel épisode dans la conduite d’une opération dont l’arrêt avait été une promesse de campagne de l’actuelle majorité municipale. En raison d’un bail emphytéotique de 60 ans la liant au promoteur, elle n’avait pu négocier que des amendements au projet initial de création d’un hôtel 5 étoiles.

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La Villa Valmer à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Située sur la corniche de Marseille, l’emblématique Villa Valmer doit devenir un hôtel 5 étoiles.

Nouveau rebondissement dans l’affaire de la Villa Valmer à Marseille. La démolition, mardi 13 avril, d’une dépendance d’un étage situé à l’arrière de cette bastide néo-Renaissance édifiée en 1865 par l’architecte Condamin pour le compte du fabricant d’huile Charles Gounelle, a provoqué l’ire du maire de Marseille, le socialiste Benoît Payan.

Son adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche, qui s’est rendue sur les lieux, a ainsi confirmé la signature d’un procès-verbal de constat d’infraction au code de l’urbanisme et sa transmission au procureur de la République. En parallèle de l’action en justice, elle a déclaré au Moniteur « travailler avec ses services pour évaluer toutes les mesures possibles pour réagir ». En effet, ce petit bâtiment qui portait les terrasses de la villa « a été démoli alors que le permis de construire de 2019 du projet de création d’un hôtel 5 étoiles [porté par la SAS Villa Valmer, NDLR] ne le prévoyait pas », a-t-elle justifié.

Valorisation

Cet événement est un nouvel épisode dans un long feuilleton qui a démarré en 2016 sous la mandature de l’ancien maire, le LR Jean-Claude Gaudin. A cette date, et dans le cadre de la valorisation de ses biens immobiliers, la Ville avait lancé un appel à projets « en vue de susciter des propositions d’idées novatrices des projets d’attractivité pour Marseille, par des porteurs de projets dans le respect de la qualité historique, paysagère et emblématique du site ». Située sur l’emblématique corniche du Président-John-Fitzgerald-Kennedy, dans le 7e arrondissement de Marseille, la villa composée de 1 276 m2 sur trois étages offre en effet une vue époustouflante sur la mer Méditerranée et est bordée d’un jardin ouvert au public.

La consultation s’était conclue par le choix, entériné en conseil municipal du 12 février 2018, du projet d’un hôtel 5 étoiles de 39 chambres avec une brasserie, un spa, une piscine extérieure, etc. Le tout porté par Pierre Mozziconacci, président de la SAS Villa Valmer, et dessiné par l’agence marseillaise 331 Corniche Architecture. A l’époque, le promoteur était également accompagné de la société Trilogy Hospitality Management, qui, depuis, a cessé sa collaboration.

Bail emphytéotique de 60 ans

Lors des dernières élections municipales, la liste du Printemps Marseillais, dont fait partie le maire actuel Benoît Payan, avait fait de l’arrêt du projet une promesse de campagne. Une fois élue, la nouvelle municipalité s’était donc empressée d’entamer des négociations avec la SAS Villa Valmer pour amender le projet, le bail emphytéotique de 60 ans signé par l’ancien maire empêchant un arrêt complet.

Début mars, les pourparlers avaient abouti à une demi-victoire. Outre la révision du périmètre restreint à l’espace bâti et donc le maintien du parc comme espace public ouvert à tous, les deux parties se sont mises d’accord sur l’aménagement des anciennes remises en résidences d’artistes, l’ouverture de la brasserie à une clientèle autre que celle qui fréquentera l’hôtel, le déplacement de la piscine à droite du bâtiment pour garantir un parvis public, des clauses d’insertion sociale et enfin, un point annuel pour suivre l’exploitation de l’hôtel. Cela sans que le porteur ne modifie son investissement de 14 millions d’euros et avec la garantie d’une redevance annuelle de 330 000 euros en part fixe pour la Ville auquel pourront s’ajouter 330 000 euros en fonction du chiffre d’affaires.

Livraison fin 2022

La SAS Villa Valmer avait désormais le champ libre pour démarrer les travaux avec pour objectif une livraison fin 2022. A l’époque, l’adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche s’était réjouie de cette « belle négociation où les intérêts des parties convergent ».

Cette belle harmonie est aujourd’hui brisée. « La destruction de l’appendice, qui faisait partie d’un ensemble patrimonial, remet en question la confiance que nous avions dans le promoteur », a affirmé l’adjointe à l’urbanisme qui envisage d’arrêter le chantier le temps de retravailler avec la SAS Villa Valmer le permis de construire modificatif.

A la presse locale qui a largement relayé l’affaire, le promoteur a déclaré avoir fait un constat d’huissier pour montrer les moisissures à l’intérieur du bâtiment démoli, et, alerté par le terrassier et la maîtrise d’œuvre de la fragilité des murs, avait décidé de démolir. En réponse, l’adjointe à l’urbanisme estime que la situation résulte d’une absence d’anticipation en termes de sondage géotechniques.

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