En apparence relativement anodin, l’incendie qui a ravagé, en janvier dernier, l’usine finlandaise du groupe chimique américain Huntsman pourrait avoir des répercussions technico-économiques sur les entreprises de travaux publics et les collectivités locales françaises. Et pour cause : « l’usine incendiée, d’une capacité de production de 130 000 tonnes par an, couvrait 10 % des besoins européens en dioxyde de titane (TiO2), un pigment de synthèse utilisé comme colorant pour le marquage routier », indique Julien Vick, délégué général du Syndicat des équipements de la route (SER). Qui ajoute : « Cette situation pourrait conduire, dans les semaines à venir, à de graves perturbations dans les livraisons des produits de marquage. »
Par ailleurs, d’autres facteurs se conjuguent actuellement qui pèsent sur les approvisionnements mondiaux en dioxyde de titane. Parmi eux, l’arrêt, pour des raisons environnementales, de plusieurs sites de production en Chine. « Sur la dizaine d’usines de fabrication au niveau mondial, près de la moitié sont aujourd’hui fermées », précise Julien Vick. En outre, la restructuration économique des producteurs de TiO2 et la hausse de la demande en Asie ont un impact non-négligeable sur la disponibilité du produit sur le continent européen.
Résultat ? « Comme les fabricants ne constituent pas de stocks de cette matière première et que, par conséquent, le risque de pénurie plane, les prix et les délais de livraison des produits de marquage pourraient mécaniquement augmenter. Une mauvaise nouvelle pour les entreprises de travaux publics et les collectivités locales, mais aussi les aéroports, à l’arrivée des beaux jours », avance Julien Vick, qui rappelle que 30 000 tonnes de produits de marquage sont appliqués chaque année en France. Dès le mois de février, le prix d’une tonne de dioxyde de titane atteignait déjà, en Europe, les 235 euros. Il est de 150 euros en Asie.
Pour rappel, le dioxyde de titane (TiO2) est un composé chimique utilisé dans de nombreuses applications. Grâce à ses propriétés de blancheur et de pouvoir couvrant, il entre notamment dans la composition de certaines peintures et de certains plastiques. Il présente également des capacités de dépollution et d’auto-nettoyage. Revers de la médaille : sous forme nanoparticulaire, le TiO2 est suspecté par le Circ (Centre de recherche international sur le cancer) d’être cancérigène pour l’homme et nocif pour l’environnement.